20 mai 2021
Les risques psychosociaux sont maintenant reconnus comme risques prédominants par la CNESST au-delà de la place limitée que ces risques occupaient en termes de harcèlement ou de violence au travail.
L’arrivée de cette nouvelle catégorie englobe désormais divers éléments liés à l’organisation ou à la nature du travail, tels que :
Ces divers facteurs de risque peuvent concerner tous les milieux de travail et toucher tou·tes les types de travailleur·ses. De plus, depuis l’arrivée de la pandémie ces facteurs de risques se sont exacerbés et ont touché un nombre plus important de travailleur·ses. En juin 2020, une étude de l’Université Laval a révélé que « près de 50 % des travailleurs québécois souffraient d’un niveau élevé de détresse psychologique ». Les changements drastiques auxquels ont dû faire la majorité des travailleur·ses ont accentués les vulnérabilités qui étaient déjà présentes en chacun·e. La ligne qui séparait auparavant la vie personnelle et professionnelle s’est amincie et peu de personnes avaient les outils pour faire face à la nouvelle donne. L’accumulation de la détresse psychologique personnelle amalgamée à celle de la détresse professionnelle a également créé une montée fulgurante des absences liées à des situations de stress ou de dépression1.
La capacité d’adaptation de tout le monde a également été mise à rude épreuve et bien que les organismes aient trouvé des moyens de fonctionner durant la pandémie, cette adaptation reste encore fragile et les doutes sur l’avenir n’aident pas à la solidifier.
Les risques psychosociaux qui sont actuellement présents au sein de vos OSBL d’habitation ne doivent donc pas être sous-estimés. Depuis plus d’un an maintenant, les employé·es, bénévoles et membres de la direction des organismes communautaires d’habitation font preuve d’une grande résilience, d’un énorme courage et d’une forte capacité d’adaptation. En plus des changements au sein des équipes, de l’organisation du travail et de la charge de travail, le fait de travailler avec le public apporte une charge émotionnelle supplémentaire. Pour ces raisons, il est primordial de prendre un temps afin de faire le point sur la santé psychologique de chacun et de comprendre qu’en ces moments exceptionnels chaque personne peut réagir de manière différente.
Comme pour tous les risques liés à la santé et sécurité au travail, la responsabilité d’assurer la sécurité et l’intégrité des travailleur·ses incombe à l’employeur. Toutefois, face à cette nouvelle situation, l’employeur lui-même pourrait ne pas être adéquatement outillé pour gérer une telle crise. Afin de guider les employeurs dans la gestion du personnel, quelques outils ont été mis sur pied par la CNESST dont un aide-mémoire concernant les risques psychosociaux liés au travail2 dans lequel se retrouvent des éléments auxquels il faut prêter attention. Par exemple, il est suggéré d’encourager les travailleur·ses à faire connaître les problèmes qu’iels peuvent rencontrer afin de mettre en place, si possible, des mesures de mitigation telles que de la conciliation famille-travail, la possibilité de suivre de la formation, de privilégier la reconnaissance au quotidien, etc. Il est aussi conseillé de mettre en place des moyens pour favoriser le soutien social entre collègues ou avec son supérieur immédiat ou sa supérieure immédiate. Toutes ces mesures sont aussi importantes en présentiel qu’en télétravail mais sont souvent plus difficiles à garder en télétravail. Toutefois, elles sont peut-être encore plus importantes à mettre en place lorsque tout le monde se retrouve à distance car l’isolement peut exacerber des problèmes qui étaient déjà présents sur le milieu de travail.
Par exemple, une employée qui lorsqu’elle était en présentiel était déjà sujette à ramener du travail à la maison sera encore plus à risque de surcharge en contexte de télétravail. L’employeur doit donc être vigilant et prendre le temps de faire le point sur la capacité de chaque employé·e à continuer au rythme actuel ou si des ententes telles qu’un horaire plus flexible ou encore une baisse de la charge de travail pouvaient être envisageables. En cas de sentiment d’isolement, d’anxiété, de déprime ou toute autre émotion négative face à une situation professionnelle, il est important que le supérieur immédiat agisse, car c’est lui ou elle qui a la responsabilité de protéger la santé (physique et psychologique) et à assurer la sécurité et l’intégrité des travailleurs et travailleuses (LSST, Art. 51).
Des webinaires gratuits sont offerts sur le site de l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur « affaires municipales » (APSAM), comme celui intitulé Santé psychologique en temps de pandémie : s’outiller pour mieux aller3. Ces webinaires sont disponibles en tout temps et sont accompagnés de divers outils et articles de références sur le même sujet.
Audrey Rourre
Responsable de la formation – RQOH
Ce texte a été rédigé dans le cadre d’une série d’articles sur les risques prédominants qui peuvent se présenter au sein des OSBL d’habitation. Des articles concernant les risques ergonomiques, les risques de chutes de même niveau et les risques d’être frappé, coincé ou écrasé sont déjà disponibles sur le site Internet du RQOH.
Qui contacter pour :
1 – https://nouvelles.umontreal.ca/article/2021/03/22/covid-et-sante-mentale-au-travail-la-detresse-psychologique-touche-une-personne-sur-trois/
2 – https://www.cnesst.gouv.qc.ca/sites/default/files/publications/aide-memoire-tout-secteurs-risques-psychosociaux-lies-au-travail.pdf
3 – https://www.apsam.com/