Le soutien communautaire en logement social au Québec est né il y a une trentaine d’années, auprès des chambreurs des quartiers centraux de Montréal.
En 1987, la Fédération des OSBL d’habitation de Montréal est créée avec pour mission de promouvoir cette façon de faire auprès des OSBL d’habitation pour personnes seules, puisque cette pratique favorise clairement la stabilité résidentielle des personnes à risque d’itinérance.
Cette pratique s’est graduellement étendue et adaptée aux besoins et aux réalités des locataires des ensembles de logements sociaux abritant des personnes seules et/ou fragilisées, ou des personnes âgées en perte d’autonomie.
Depuis quelques années, la pratique de soutien communautaire a été reprise par le milieu des HLM à travers certains Offices municipaux d’habitation, et même plus récemment, dans quelques coopératives d’habitation.
Le Cadre de référence sur le soutien communautaire en logement social du ministère de la Santé et des Services sociaux définit le soutien communautaire en logement social comme suit:
« Le soutien communautaire recouvre un ensemble d’actions qui peuvent aller de l’accueil à la référence, en passant par l’accompagnement auprès de services publics, la gestion des conflits entre locataires, l’intervention en situation de crise, l’intervention psychosociale, le support au comité de locataires et aux autres comités et l’organisation communautaire. En fait, la notion de support communautaire désigne : « […] ce qui relève de l’accompagnement social des individus et/ou des groupes » incluant la gestion du bail». Il faut préciser que le soutien communautaire en logement social est dédié d’abord et avant tout au logement permanent, ce qui signifie que le logement n’est pas une stratégie d’intervention, mais une fin en soi. Le soutien communautaire constitue une réponse à l’itinérance et à l’exclusion sociale; il favorise en outre le maintien à domicile des aînés.Consultez le déroulement du forum sur le soutien communautaire au colloque RQOH 2018
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Le soutien communautaire est une pratique visant à favoriser la stabilité résidentielle et la responsabilisation des locataires. Il se traduit par différentes actions et activités permettant aux locataires de s’approprier leur « habitat » et leur « habiter ». Le soutien communautaire met aussi de l’avant l’appropriation des différents espaces démocratiques pour l’exercice de la citoyenneté. Bien qu’à l’origine, le soutien communautaire en logement social ait été promu principalement par les groupes de défense en itinérance ou en santé mentale, il se trouve que les besoins de sécurité, de médiation et d’animation sont communs à une grande partie des locataires vulnérables, quels que soient leurs besoins ou leur « étiquette ».
La Communauté Métropolitaine de Montréal (CMM) observe que 44% des promoteurs de projets d’OSBL d’habitation sont eux-mêmes des organismes communautaires dont bon nombre ont une mission d’intervention sociale. L’OSBL d’habitation prolonge donc souvent le travail d’intervention d’un organisme et évite aux résidents le développement de conditions qui vont les amener ou les ramener en errance résidentielle ou en internement institutionnel. C’est une pratique qui permet justement l’informel et qui affiche un préjugé favorable envers la personne. La notion de préjugé favorable fait en sorte que la limitation fonctionnelle d’une personne n’emporte pas la limitation des droits. Ses droits sont les mêmes que ceux de toute autre personne.
Les valeurs sur lesquelles repose la pratique de soutien communautaire sont les suivantes :
Le soutien communautaire n’est pas :
Afin de favoriser la stabilité résidentielle des locataires, le soutien communautaire répond également à des demandes individuelles.
Cela signifie :
Afin de favoriser la responsabilisation des locataires, il s’agit de favoriser le processus d’apprentissage et la prise en charge du groupe par le groupe. Cela signifie :
– Il est important de faire la différence entre la prise en charge et l’accompagnement social, entre le soutien communautaire en logement permanent et l’intervention psychosociale.
– Il faut protéger « l’espace logement » et éviter que le soutien communautaire et les différents programmes ne fassent en sorte de nier davantage le droit au logement. Nous nous devons de maintenir un rapport locateur/locataire. Il est important de ne pas transformer l’espace du logement en espace institutionnel.
– Le financement des initiatives en soutien communautaire reste problématique, selon plusieurs observateurs et intervenants du milieu des OSBL, car plus de la moitié des organismes qui offrent du soutien communautaire ne reçoivent pas de financement pour ces activités.
– Le soutien communautaire doit revêtir un caractère universel, c’est-à-dire qu’il s’adresse à tous les locataires, peu importe leur « étiquette ».
– Un renforcement du financement, sous une forme récurrente, avec une meilleure prise en considération des réalités locales dans la répartition de l’enveloppe.
– Axer sur le logement permanent, afin que celui-ci soit une fin en soi.
– Soutenir collectivement les personnes vulnérables ou qui risquent de le devenir, souplesse et diversité des interventions retenues en matière de soutien communautaire en logement social.