1 septembre 2018

Lettre à la nouvelle, au nouveau ministre de l’Habitation du Québec

 

Cher ministre, chère ministre,

Vous n’êtes sans doute pas sans savoir que des réalisations impressionnantes
ont été accomplies par les OSBL d’habitation au Québec.
Des dizaines de milliers de personnes vulnérables ou à très faible revenu
ont trouvé auprès de l’un de nos groupes communautaires un
logement décent à un prix raisonnable. Non seulement cela sauve
des vies, mais encore le secteur du logement à but non lucratif estil
remarquablement économique pour l’État et pour la société en
général. Surtout, nos groupes off rent une solution à visage humain,
ce qui est la marque de notre action.

Dans cette lettre, nous ne voulons pas seulement attirer votre
attention sur le fait qu’en dépit de ces eff orts, il y a encore un
demi-million de ménages locataires en situation de vulnérabilité au
Québec et que 196 000 d’entre eux consacrent plus de 50 % de leur
revenu au loyer. Non, car vous savez déjà que cette situation est intolérable
et que pour y remédier, il faut lancer un immense chantier de
construction de nouveaux logements sociaux et communautaires.

Nouveaux défis

En ce début de mandat, nous voulons surtout attirer votre attention
sur l’enjeu méconnu de la pérennité des immeubles déjà construits.
Il s’agit ici de la préservation du parc de logements communautaires,
le maintien en bon état des bâtiments et des logements, de
la permanence de l’expertise de ceux et celles qui y oeuvrent, et du
maintien dans le giron social de ses actifs et de ses ressources.
Dans de très nombreux cas, les responsables des groupes doivent
faire face à la fi n de la vie utile d’un grand nombre de composantes
de nos immeubles. Après 35 ans, les ascenseurs, les fenêtres, les
balcons, les cuisines ont généralement besoin d’une remise à niveau.
Nous estimons à 100 millions $ par année les besoins en rénovations
pour l’ensemble du parc.

Face à cette situation, le secteur de l’habitation communautaire
n’est cependant pas dépourvu de ressources, car collectivement il
possède des réserves fi nancières de 200 millions $ et contrôle des
actifs immobiliers de 5 milliards $. Ces moyens considérables permettent
d’envisager l’avenir de manière raisonnablement sereine –
à condition que les bonnes stratégies soient adoptées, tant par les
OSBL eux-mêmes que par les partenaires gouvernementaux.
De la part des gouvernements, l’habitation communautaire a
besoin d’un cadre réglementaire qui lui permette de déployer de
nouveaux outils fi nanciers. Notre mouvement est relativement bien
nanti à grande échelle, mais individuellement, les groupes sont
généralement tout juste en situation d’équilibre. La clef du succès
passe par la mutualisation des ressources et la création d’une Réserve
de l’habitation communautaire, où les épargnes de chaque
OSBL seraient consolidées, permettant ainsi l’accroissement considérable
des rendements sans exposition indue au risque.

Le gouvernement du Québec peut faciliter cette évolution en mettant
en action sans délais les 200 millions $ versés au Fonds québécois
d’habitation communautaire (FQHC) repris par la SHQ il y a
deux ans. Cet argent représente un extraordinaire outil pour lancer
les mesures de pérennité telle que la mutualisation des réserves.
La protection des actifs et de la mission de plus de 2500 immeubles
au Québec c’est, en plus de leur mise à niveau, la formation de
leurs gestionnaires, l’accompagnement en cas de crise, le soutien
communautaire en logement social, la gestion des suppléments
aux loyers et une foule d’autres aspects pour lesquels des mesures
concrètes doivent être entreprises.

Monsieur ou madame la ministre, j’espère que cette mise en situation
nous permettra de faire avancer notre action à tous et à toutes,
car des centaines de milliers de personnes, des femmes, des enfants,
des aînés, des gens frappés par la maladie et la pauvreté comptent
sur nous. Nous ne pouvons ni les abandonner ni même les décevoir.

Stéphan Corriveau, directeur général