> Un grand bouleversement
Les façons de faire du logement social et communautaire au Québec sont très secouées en ce moment, et le gouvernement semble avoir fait son nid en misant sur le développement de logements en faisant appel à des fonds fiscalisés (lire Fonds Immobilier de solidarité FTQ, Desjardins et Fondaction). Il tente ainsi de rattraper un retard considérable accumulé au fil des années par les réductions du financement et la baisse des unités développées dans ce que nous pouvons considérer maintenant comme le défunt programme AccèsLogis.
Le programme PHAQ, quant à lui, a vu au budget de mars dernier un tiers de ses fonds exclusivement voués à des initiatives de développeurs privés dans le but d’offrir du logement abordable. Il semble bien qu’en haut lieu, nous avons déjà oublié que lors du premier appel à projets du PHAQ, très peu de ces développeurs ont répondu « présent ». De plus, la vraie pérennité préconisée par le milieu OBNL ne pourrait être qu’un vœu pieux, un engagement bien flou se limitant à un maximum de trente-cinq ans non garanti. En effet, le promoteur pourra, au gré de son humeur ou de ses finances, mettre fin à sa convention signée, le tout moyennant une révision à la baisse de sa subvention.
Est-ce que ces nouvelles initiatives pourront réellement résorber la crise du logement actuelle ? Nous pouvons en douter sérieusement. Si le gouvernement du Québec fait appel à des fonds privés pour desservir une population attaquée de front par les hausses intempestives de loyers et du coût de la vie, il ne peut en rien renier sa responsabilité en matière de logement social et communautaire. Promises depuis des lunes, nous attendons toujours les modifications au PHAQ qui incluraient « le meilleur d’AccèsLogis », et les réels requis financiers nécessaires à son efficacité pour répondre aux besoins.
Ce qui nous fait réfléchir à la notion d’abordabilité. Un passe-partout de plus en plus utilisé dans les discours et dans les médias. Un mot dont la définition même fait débat au niveau canadien ! Ce qui est certain, c’est que nous avons besoin au Québec et aussi partout au Canada de logements dont le loyer s’accorde avec la capacité de payer des ménages. Si nous pouvons nous réjouir des initiatives des grands développeurs de logements hors du marché spéculatif tels que SOLIDES, Espace La Traversée, Un Toit en Réserve (UTER) et plusieurs autres, il n’en demeure pas moins que la socialisation d’immeubles privés est un outil dans notre coffre, mais il ne peut être le seul. Il est clair que nous devons tous travailler ensemble pour desservir le plus de Québécois·es possible selon leur fourchette de revenu et leurs besoins spécifiques.