11 février 2016
L’itinérance
Le MSSS a décidé d’aller de l’avant avec la stratégie « Logement d’abord », en dépit d’une opposition sans équivoque de la vaste majorité des groupes engagés dans la lutte à l’itinérance, de résolutions unanimes de l’Assemblée nationale et d’une Politique nationale de lutte à l’itinérance saluée unanimement. Cette nouvelle stratégie s’appuie sur une orientation initiée par le gouvernement Harper et calquée sur une approche américaine où, on le sait, les politiques sociales, dont celle en habitation sont peu enviables. Cette stratégie n’offre pas, à notre point de vue, les moyens et l’approche appropriés en contexte québécois pour garantir à long terme un logement aux personnes en situation d’itinérance cyclique ou chronique.
Le soutien communautaire en logement social
La SHQ et le MSSS ont signé le Cadre de référence sur le soutien communautaire en logement social en 2007. Celui-ci prévoyait des consultations dans les régions pour choisir les projets destinés à améliorer la vie associative et communautaire des locataires habitant en logement social. Neuf ans plus tard, la grande majorité des régions n’ont toujours pas de processus de consultation et seules 2 rencontres de suivi ont eu lieu à l’échelle du Québec. Pendant ce temps, l’argent est fréquemment alloué par des processus arbitraires pour des projets parfois discutables, destinés à des gens qui, trop souvent, n’habitent même pas en logement social permanent.
Les OSBL pour aînés
Le gouvernement du Québec a décrété l’installation de gicleurs dans toutes les résidences pour aînés, privées ou sans but lucratif, suite à la tragédie de L’Isle-Verte. Un programme de financement partiel qui ne prend pas en considération les caractéristiques des OSBL a été annoncé. Les réserves de ces organismes n’ont pas été conçues pour ce genre de dépenses et les coûts d’installation devront inévitablement être assumés par les locataires. Si le gouvernement avait pris le temps de considérer nos commentaires avant de trancher, nous n’en serions pas là! Le règlement sur les résidences pour aînés est un autre cas de figure où l’absence de dialogue et de considération pour la réalité des OSBL a entraîné des problèmes pour les gestionnaires et de l’anxiété pour les locataires. Dix-huit mois après que le ministre Barrette ait reconnu qu’il fallait réviser le Règlement sur la certification pour qu’il réponde à la réalité des OSBL, le processus n’est toujours pas complété et le résultat final, toujours aussi incertain.
En conclusion
Bien entendu, les contributions financières du gouvernement provincial en matière de logement social sont essentielles, mais il serait bon de se souvenir qu’il est devenu, au fil des ans et de ses décisions, un partenaire économique de plus en plus timide dans le montage financier des projets. Il y a déjà plusieurs années que les promoteurs communautaires et les villes contribuent à des niveaux plus importants que la SHQ. Dans une économie en pleine déprime, OSBL, coop et municipalités auront investi près de 350 millions cette année pour construire des logements alors que la SHQ en aura versé 250.
Nous nous attendons à ce que le gouvernement agisse conformément aux conclusions de ses propres recherches sur les retombés sociales du logement social et communautaire. La SHQ et la Direction de la santé publique ont récemment publié des études très solides1 qui démontrent sans l’ombre d’une ambiguïté que les logements sociaux ont d’immenses retombés positives pour l’État (santé, éducation, occupation du territoire, etc.), les communautés et les individus.
Entendre et s’entendre avec le mouvement communautaire, c’est bénéficier d’une expertise immense, d’une source de créativité quasiment intarissable, de contributions financières significatives et d’une main d’oeuvre volontaire, dévouée et intègre. Il nous semble que le gouvernement ne peut se priver de ces ressources dont le seul prix est celui du dialogue et du respect. Sinon, il nous apparaît illusoire de faire avancer notre société vers une véritable prospérité.
1 Lire Pour des logements salubres et abordables : rapport du directeur de santé publique de Montréal 2015 et l’Étude sur les impacts sociaux des activités de la Société d’habitation du Québec.