1 février 2015
Invité à donner la conférence principale au colloque du RQOH, Jean-Paul L’Allier est venu présenter sa vision de ce qui devrait caractériser les interactions entre les décideurs en place et la société civile lorsque celle-ci tente de se faire entendre. Ayant lui-même été maire de Québec et ancien ministre libéral, son point de vue avait certes de quoi intéresser les congressistes.
Un des principaux messages qu’a cherché à passer Jean-Paul L’Allier était l’importance, lorsqu’on revendique un changement social, d’arriver avec des propositions concrètes. « Votre dossier ne doit pas être présenté comme un problème, mais plutôt comme une solution au problème du gouvernement et faites en sorte que les autorités se rappellent toujours que c’est vous qui avez enlevé la roche dans leur soulier. » À son sens, les dirigeants sont déjà au courant des problèmes sociaux et simplement leur en rappeler l’existence en les dénonçant ne suffit pas : il faut que les gens qui les vivent soient parties prenantes de la solution. Selon lui, ce sont les gens impliqués dans un projet ou un dossier qui sont les mieux placés pour traiter avec le gouvernement.
Monsieur L’Allier a aussi insisté sur l’importance de travailler en réseaux, afin que les besoins d’une communauté soient compris par tous de la même façon et que la parole forte et commune de plusieurs acteurs du milieu ait de l’impact. « Il faut démontrer que c’est dynamique ce que vous faites. » Pour cela, il est impératif de se regrouper localement, avec le plus d’acteurs du milieu possible. « Je vous suggère de regarder de plus près, dans votre région, celles et ceux qui réagissent le mieux à vos objectifs; trouver des partenaires qui écoutent et deviennent vos ambassadeurs. La solidarité est essentielle à votre survie, soutient-il, et le gouvernement doit mettre à votre disposition les outils dont vous avez besoin. » Pour que cela soit rendu possible, toutefois, il y a un travail d’éducation à faire parce que « c’est souvent le manque d’information qui fait qu’on est indifférent. (…) L’information et la connaissance éloignent la peur. »
M » L’Allier est revenu à quelques reprises sur le cas de la revitalisation du quartier Saint-Roch, alors qu’il était maire de Québec. Utilisons-le comme cas de figure afin d’illustrer ses propos. D’abord, des intervenants du milieu ont fait valoir qu’une bonne solution au manque de logements abordables était d’inclure du logement social dans le projet. Les acteurs en place ont ensuite travaillé en amont afin « d’envoyer un signal fort » et de faire comprendre aux résidents qu’ils étaient « là pour eux ». Par exemple, ils ont aménagé un parc, le Jardin Saint-Roch, et ce genre d’intervention a suscité un certain dynamisme et a entrainé l’appui de la population locale au projet. Finalement, plutôt que de s’antagoniser les instances municipales, celles-ci, encouragées par le soutien populaire et appelées à collaborer, ont entrepris des démarches auprès des paliers provincial ou fédéral qui avaient le pouvoir d’attribuer des sommes supplémentaires pour du logement social… et les ont obtenues.
Il s’agit sans doute là d’une grande réussite pour Jean-Paul L’Allier, lui qui fait valoir que « l’inégalité est une faille politique. »