Les chiffres dévoilés ce matin par Statistique Canada indiquent le besoin d’un réinvestissement massif pour étendre l’offre de logements sociaux et communautaires. L’agence fédérale a procédé aujourd’hui à une première diffusion des résultats du dernier recensement réalisé au printemps 2016. Des données qui confirment la pertinence des solutions mises de l’avant par le secteur du logement sans but lucratif.

On y apprend en effet que le nombre total de logements privés au Canada se chiffre maintenant à 15 412 443. C’est dire que la part du logement social et communautaire (570 000 unités) dans l’ensemble du parc immobilier résidentiel n’est plus que de 3,7%! Ce déséquilibre en faveur du marché privé à but lucratif encouragé par la politique poursuivie pendant de nombreuses années par le gouvernement fédéral n’y est pas pour peu dans la flambée des prix que l’on connaît sur le marché immobilier. Dans le secteur locatif, cette embellie se traduit bon an mal an par des augmentations de loyer constamment supérieures à celles des revenus des locataires, en particulier ceux des ménages à faible revenu.

À 4,1%, la part du logement social et communautaire reste légèrement supérieure au Québec, résultat des efforts qui ont été consacrés au développement de ce secteur (programmes Logement abordable Québec et AccèsLogis) depuis le retrait du gouvernement fédéral au milieu des années 1990.

Le chiffre de 3,7% apparaît tout simplement honteux quand on compare la performance du Canada à celle d’autres pays où la proportion de logements sociaux est autrement plus importante, comme l’Allemagne (14%), la Suède (22%) ou les Pays-Bas (40%). La nouvelle Stratégie nationale en matière d’habitation que prépare le gouvernement du Canada sera l’occasion de rétablir l’équilibre et de répondre aux besoins des centaines de milliers de ménages qui n’arrivent pas à se loger convenablement dans le marché actuel.

Bien qu’il ne s’agisse que de données partielles (la diffusion globale des résultats s’étendra sur près d’un an), les chiffres du recensement publiés ce matin confirment par ailleurs la diminution du poids démographique du Québec au sein de la population canadienne, qui est passé de 23,6% à 23,2% depuis le recensement de 2011. Durant cette période, la population québécoise a cru de 3,3%, à comparer à 5% pour l’ensemble du pays. Cette croissance de 3,3% cache toutefois des disparités importantes entre les diverses régions du Québec.

Ainsi, alors que certaines régions métropolitaines de recensement dont celles de Sherbrooke, Montréal et Québec affichent un taux de croissance démographique supérieur à 4,0%, d’autres comme celles de Baie-Comeau, Alma, Dolbeau-Mistassini, Matane, Rivière-du-Loup et Shawinigan ont vu leur population décroître. Ces données préoccupantes, qui illustrent des tendances déjà connues et documentées, mettent en lumière le rôle que les programmes de développement du logement social et communautaire peuvent jouer pour favoriser l’occupation du territoire et la survie des régions qui subissent la pression du vieillissement de la population et de l’attraction exercée par les grands centres.

Cet enjeu fait partie des réflexions que les partenaires et promoteurs du logement social et communautaire comme le RQOH ont apportées dans le cadre des consultations que le député Norbert Morin et la SHQ ont menées au cours des derniers mois sur la « nouvelle approche » que le gouvernement du Québec souhaite mettre en œuvre en matière d’habitation. Souhaitons qu’elles trouveront leur place dans le rapport que la SHQ et M. Morin vont publier sous peu et qu’elles se traduiront par des engagements renouvelés en faveur du développement du logement social et communautaire.