7 janvier 2019
Il est désormais communément accepté qu’entre 2014 et 2018, le programme AccèsLogis a été mené à la quasi-paralysie. En 2017-2018, seulement 731 logements sociaux ont été réalisés dans tout le Québec, alors que le budget en prévoyait 3 000. Le léger coup de pouce donné en 2018, sous la forme d’une augmentation de 9,17 % de la subvention de base offerte, pas plus que la légère bonification des coûts de construction autorisés, n’ont suffi à faciliter le bouclage financier des projets, qui font par ailleurs face à toujours plus de lourdeurs administratives.
En septembre 2018, la Coalition Avenir Québec semblait acquiescer à ce sombre portrait, et c’est M. François Legault lui-même qui, durant la campagne, a affirmé être « conscient qu’il y a un manque de logement social » et a promis de « rattraper le retard pris par les libéraux et donc de sortir les 14 000 unités [de logement] déjà inscrites dans les budgets ».
Si ce rattrapage était effectué dans un premier mandat, cela représenterait certes davantage d’unités que le programme AccèsLogis n’en a jamais construit en quatre ans, mais cela n’en constituerait pas moins du simple rattrapage. Un rattrapage nécessaire, mais bien insuffisant au regard des besoins qui ne cessent de croître.
Qu’on en juge : « Moins d’appartements disponibles et des loyers plus chers partout au Canada », titrait avec raison le journal Métro au moment de la publication des plus récentes données de la SCHL sur le marché du logement locatif. Un taux moyen d’inoccupation de 2,3 % pour l’ensemble du Québec annonce des moments difficiles pour les ménages locataires, surtout dans les quartiers centraux des grandes villes, qui vont connaître les plus importants déficits.
Mario Laframboise, député de Blainville et porte-parole de la CAQ en matière d’habitation au moment où ce parti était dans l’opposition, et actuel président du caucus du gouvernement, a promis, lors du débat sur le logement social organisé par la FOHM et la FÉCHIMM, que le gouvernement allait « s’asseoir avec les organismes dans les 100 jours pour régler la question des 14 000 logements en attente ». La publication de ce bulletin en ce mois de janvier 2019 concorde justement avec ces 100 jours !
À la fin de l’automne, la Société d’habitation du Québec a bien réuni les partenaires du logement social et communautaire pour envisager avec eux les moyens de tenir cette promesse de rattrapage. C’est de bon augure, mais il y a loin de la coupe aux lèvres. La nouvelle ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, doit maintenant s’emparer du dossier et défendre au Conseil des ministre la remise à niveau complète du programme AccèsLogis, une hausse substantielle des sommes allouées à la construction de nouvelles unités et un soutien concret à la pérennité des projets dans le prochain budget du gouvernement du Québec, attendu au printemps. Ce n’est qu’à ce prix que le Québec cessera de prendre du retard dans la livraison de logements sociaux et communautaires dont les plus vulnérables ont un urgent besoin.
Jessie Poulette