Adaptation et santé mentale
L’adaptation est un processus qui fait partie intégrante de la nature humaine et qui permet d’évoluer et d’accepter le changement. Toutefois, lorsqu’une situation ou des événements provoquent un trop grand stress pour un individu, celui-ci peut vivre des difficultés, voire, des troubles d’adaptation. À ce moment-là, la personne éprouve des perturbations au niveau émotionnel et comportemental qui peuvent lui faire vivre de l’anxiété, de la déprime ainsi que des changements d’humeur soudains1.
Ce portrait résonne sans doute auprès de beaucoup d’individus, entre autres lorsque l’on se transporte début 2020. Toutes les sphères de la vie ont été alors chamboulées, dont celle de la vie professionnelle.
La charge mentale de cette nouvelle réalité a pesé sur la santé psychosociale et mentale de nombreux employé·es et employeur·es. Alors qu’en 2019, 6,4% des Canadien.nes vivaient une incapacité au travail en lien avec la santé mentale, ce chiffre augmentait à 8,9% en 2021 avec une prévalence marquée chez les femmes et la population âgée de 25 à 54 ans2. Diverses études, outils, conférences et lignes d’écoute ont alors vu le jour afin de pallier la demande des organisations pour soutenir les employé.es et les employeur.es. La CNESST a également mis sur pied des outils pour élaborer une politique de télétravail dans le but de soutenir les organisations à mieux l’encadrer.
Et pour les organisations pour lesquelles le télétravail n’était pas une option, l’adaptation a également été ardue, si ce n’est pas plus, car en plus de la charge mentale, les employé·es et employeur.es devaient conjuguer avec la prestation en continu des usagers et les mesures sanitaires changeantes.
Malgré le lot de difficultés qu’ont amenées ces deux dernières années, elles ont permis de faire des avancées sur des enjeux liés au milieu professionnel tels que la reconnaissance des métiers auparavant perçus comme « précaires » ou « alimentaires », la mise en place du télétravail et la reconnaissance des risques psychosociaux au sein des démarches de prévention des organisations.
Et cette capacité d’adaptation dont font preuve les travailleurs.ses depuis deux ans va à nouveau être mise à l’épreuve avec le retour au bureau à temps plein ou en mode hybride. Il s’agit donc d’un bon moment pour les organisations de revoir les facteurs psychosociaux de leur milieu de travail et les risques qu’ils pourraient engendrer afin d’accueillir les travailleurs.ses dans un contexte de travail remodelé après deux années mouvementées.
La prise en charge des risques psychosociaux en milieu de travail
La CNESST reconnaît désormais les risques psychosociaux comme des risques prédominants. Il est bien important de retenir que ces risques ne représentent plus seulement ceux liés au harcèlement psychologique et sexuel. D’autres facteurs peuvent porter préjudice à la santé mentale des travailleurs.ses liés entre autres aux conditions d’emploi, de l’organisation du travail et des relations sociales. Et à l’instar de la croyance populaire, ces risques peuvent être identifiables et mesurables lorsque l’on parle par exemple de surcharge de travail, d’heures supplémentaires, de faible reconnaissance et de faible soutien de la part de l’employeur·e et des collègues.