9 décembre 2020

Qu’est-ce que signifie se loger en Estrie pour une femme ayant un handicap physique?

C’est la principale question que se sont posé les organisations ConcertAction Femmes Estrie (CAFE) et Relais-femme pour réaliser une étude dont elles ont livré les résultats le 3 décembre 2020 à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées.

Le RQOH était présent (virtuellement) lors du dévoilement des résultats de cette enquête portant sur les enjeux et besoins locatifs des femmes en situation de handicap en Estrie, réalisée entre janvier 2019 et janvier 2020.

Dans le contexte canadien où un logement abordable et accessible est souvent hors de portée pour les femmes en situation de handicap, et le contexte québécois où près d’une femme avec incapacité sur cinq (18 %) appartient à un ménage vivant sous le seuil de faible revenu, les chercheuses concluent que « les femmes en situation de handicap physique en Estrie sont toujours l’objet de discrimination systémique et que la mise en œuvre de droits réels et de libertés demeure hors d’atteinte pour celles-ci. Sécurité, logement, transport, ces trois enjeux demeurent encore et toujours des priorités ».

En ce qui a trait au logement social et communautaire, les intervenantes au lancement ont noté le peu de ressources investies par le gouvernement du Québec en ce qui a trait à la construction de nouvelles unités de logement social. L’étude note par ailleurs l’absence problématique d’une « banque de données centralisée et accessible concernant les logements accessibles, adaptables et adaptés ». C’est un obstacle pour les personnes requérantes qui sont à la recherche d’un logement. Parmi les recommandations, il y a celle concernant un rehaussement financement du Programme d’adaptation de domicile.

Les résultats mettent en lumière, souvent au moyen de témoignages de participantes, les défis quotidiens quant à l’exercice de l’autonomie des femmes en situation de handicap physique, qui ont besoin d’un logement à la fois abordable et accessible. L’accès à un logement adapté, abordable et sécuritaire, dit l’étude, est un aspect incontournable de la pleine contribution de ces femmes à la société : « Dans le contexte de la pandémie actuelle, a dit Jocelyne Sauvé du Comité Condition des femmes de l’AREQ-CSQ, cette recherche met de l’avant l’importance que revêtent les services à domicile. Ils permettent aux personnes en perte d’autonomie de demeurer dans leur chez-soi, parce qu’un chez-soi, c’est tellement plus qu’un logement! »

Un rapport-synthèse est disponible à l’adresse https://www.concertactionfemmesestrie.org/wp-content/uploads/2020/12/Brochure_Rapport-synthese_VF.pdf tandis que l’ensemble de la recherche est accessible via une page dédiée au projet.

Notons enfin que l’activité de dévoilement s’inscrivait dans les « Journées d’action contre les violences faites aux femmes » qui se tiennent chaque année début décembre, en commémoration notamment du meurtre de 14 jeunes femmes assassinées à l’école polytechnique de Montréal, le 6 décembre 1989.