18 février 2022

Rapport sur le logement locatif de la SCHL : la situation a empiré en 2021 

La Société canadienne d’hypothèques et de logement a publié ce vendredi les résultats de son enquête annuelle sur le marché locatif, toujours très attendue, dont les données ont été recueillies à l’automne 2021. Sans surprise, on y constate un marché de plus en plus défavorable aux locataires, à peu près partout au Québec. 

Si le taux d’inoccupation des appartements d’initiative privée est demeuré stable à 2,5 % à l’échelle de la province, on rapporte des reculs et des écarts importants d’une région à l’autre. Il se chiffre ainsi à seulement 1,7 % dans la région métropolitaine de recensement de Saguenay, 1,1 % à Gatineau et 0,9 % à Sherbrooke et Trois-Rivières. Rappelons que le taux généralement considéré comme représentant un équilibre correct entre l’offre et la demande est de 3 %. 

Lorsqu’on s’attarde aux municipalités de taille moyenne, on découvre des données encore plus navrantes, avec des taux d’inoccupation de 0,8 % à Gaspé et à Sainte-Adèle, 0,7 % à Alma, 0,6 % à Joliette, 0,3 % à Rouyn-Noranda et aux Îles-de-la-Madeleine, 0,2 % à Drummondville, 0,1 % à Granby et même 0 % à Prévost, dans les Laurentides !  

La région (l’île) de Montréal s’en tire mieux, avec un taux de 3,7 %, qui s’expliquerait surtout par la forte diminution du nombre d’étudiants étrangers dans le contexte de la pandémie et la dispensation des cours en mode virtuel dans les universités, et par la chute également liée à la pandémie du nombre de personnes migrantes qui s’y sont établies en 2020-2021. 

Le taux global d’inoccupation de 2,5 % à l’échelle de la province recèle en outre des écarts importants selon la typologie des logements. S’il est de 5,8 % pour les studios et 3,5 % pour les logements d’une chambre à coucher, il se chiffre à seulement 1,8 % pour les logements de 2 chambres à coucher et 1,6 % pour les logements de plus grande taille (3 chambres à coucher ou plus). 

Dans un tel contexte, on ne s’étonnera pas des importantes hausses de loyer constatées, largement supérieures aux indices recommandés par le Tribunal administratif du logement. À l’échelle de la province, la hausse du loyer moyen s’est ainsi chiffrée à 3,6 % en 2021, alors que le TAL recommandait une augmentation de base de 0,8 % en moyenne pour un logement non chauffé et de 0,5 % pour un logement chauffé à l’électricité. Là encore, les écarts sont impressionnants d’un endroit à l’autre, avec des hausses du loyer moyen de 6,8 % à Saguenay, 5,9 % à Gatineau et 4,7 % à Sherbrooke. 

Des loyers moyens de 932 $ pour un logement de 2 chambres à coucher à Montréal, 1 035 $ à Gatineau ou 945 $ à Québec, ce n’est pas exactement ce qu’on peut considérer comme « abordable » pour les ménages à faible revenu… Et encore, quand on parle de loyers moyens, cela inclut l’ensemble des logements sur le marché – tant ceux qui sont occupés que ceux qui ne le sont pas et qui sont réellement disponibles pour les personnes à la recherche d’un logement. 

Bien que la SCHL ne soit pas en mesure de fournir un comparatif global pour l’ensemble de la province, les données qu’elle publie font état d’écarts considérables entre les loyers des logements occupés et inoccupés. Ainsi, le loyer moyen de ces derniers est 10 % plus élevé que celui des autres à Montréal, 15,3 % à Québec, 9,8 % à Sherbrooke et 7,9 % à Gatineau. 

Parmi les données les plus préoccupantes tirées de l’enquête de la SCHL, on remarque que les taux d’inoccupation sont beaucoup plus faibles pour les logements dont les loyers sont modestes que pour ceux dont les loyers sont élevés. Sur l’île de Montréal, par exemple, le taux d’inoccupation des logements dont le loyer est inférieur à 600 $ n’est que de 1,0 %, alors qu’il est de 6,7 % pour ceux qui affichent un loyer supérieur à 1 000 $. On observe des tendances similaires dans toutes les régions où ces données ont été recueillies. 

Avec un tel portrait, il deviendra de plus en plus difficile, voire scandaleux, de nier l’existence d’une crise du logement. Aussi, ces données laissent présager une autre période difficile à l’approche du « jour du déménagement », le 1er juillet. Elles font également ressortir le caractère totalement dérisoire de la campagne publicitaire lancée récemment par le gouvernement du Québec, qui incite les locataires à la recherche d’un logement à se « mettre en valeur » sur les réseaux sociaux (!). 

–> Pour télécharger le rapport de la SCHL sur le marché locatif : https://tinyurl.com/2p9atdfm 

–> Les tableaux de données, par région, sont disponibles ici : https://tinyurl.com/4bazmmxc