C’est sous le signe du renouveau que le Réseau québécois des OSBL d’habitation a passé la dernière année. Notre organisation a consacré une grande part de son énergie à un vaste processus de planification stratégique qui a abouti à une réorganisation de notre structure, à une révision de nos priorités d’action et au renouvellement de la majorité de l’équipe. Ces chamboulements ont eu plusieurs conséquences positives et quelquesunes plus difficiles. Parmi les lacunes des derniers mois, il faut mettre au premier plan le long silence du RQOH. En effet, le dernier numéro de notre bulletin date d’août dernier !

Le numéro que vous avez entre les mains est d’ailleurs probablement le dernier ayant cette facture. Le processus de révision interne se termine et la refonte de nos outils de communication aura lieu cet été. D’ici l’automne, nous serons de retour avec une panoplie d’innovations qui devrait permettre au RQOH d’occuper une place décuplée dans l’espace public et ainsi faire entendre la voix des plus de 1100 OSBL d’habitation québécois.

Comme un canard qui semble voguer sans effort sur l’eau, mais dont les pattes s’agitent frénétiquement sous la surface, ce n’est pas parce que le RQOH n’a pas fait de vagues sur la scène publique qu’il n’a pas poursuivi son travail pour, par et avec les OSBL en faveur de la pérennité du logement communautaire et pour un cadre réglementaire et financier favorable à l’épanouissement et à l’expansion de l’action communautaire autonome dans le milieu de l’habitation. Outre les changements organisationnels (dont l’adhésion de plus de 150 nouveaux OSBL et la croissance de notre programme Assurances Sékoia), nous avons réussi à faire de nombreuses représentations auprès des autorités.

Des défis à Québec…

Le nouveau gouvernement québécois s’est donné comme défi d’équilibrer les finances publiques d’ici la fin de 2015.

Si personne ne peut s’opposer à la perspective d’une saine gestion des deniers de l’État, l’histoire nous a largement démontré que ce genre de défi se « gagne » généralement à court terme sur le dos des plus faibles et des moins nantis, et que toute la population finit par être victime des « médecines de cheval » qui lui sont imposées.
La Commission Charbonneau permet de voir comment les privatisations et les mises à pied massives dans le secteur public, faites par le gouvernement Bouchard pour atteindre le déficit zéro, ont laissé entrer le loup dans la bergerie et ont fini par nous coûter des millions de dollars en corruption, en plus de désorganiser un système de santé qui peine encore à se relever des conséquences des décisions prises il y a quasiment vingt ans !

Afin de ne pas voir revenir les images de familles sans abri, mises à la rue le 1er juillet, le gouvernement doit absolument protéger et continuer d’appuyer le logement communautaire. Cet argent permet non seulement de sauvegarder la dignité des citoyens et des communautés, mais permet aussi, comme le démontre bien une récente étude de la Société d’habitation du Québec, d’économiser des centaines de millions de dollars chaque année en soins de santé, en services sociaux et en répression.

En fait, les sommes consacrées à la construction de logements communautaires et en soutien communautaire ne doivent pas être considérées comme des dépenses, mais bien comme des investissements.

Il faudra aussi prendre garde de ne pas laisser « l’ogre de la santé » avaler le secteur du logement social et communautaire. Comme le démontre bien le cahier spécial inséré dans cette édition du bulletin, l’enjeu de la certification des résidences OSBL pour ainés, construites par les communautés des quatre coins du Québec, pose un risque sérieux tant pour l’accessibilité économique de ces logements que pour le contrôle communautaire de ces immeubles. En voulant imposer ses normes et ses méthodes institutionnelles « mur à mur », le MSSS risque de tuer l’un de ses meilleurs alliés pour garder les ainés du Québec autonomes et en santé.

Et à Ottawa

Pendant ce temps, c’est en catimini que le gouvernement fédéral se désengage du dossier de l’habitation. Il faut rappeler que celui-ci a annoncé son intention de faire passer sa contribution de deux milliards par année à… zéro dans les années à venir.

De plus en plus de personnes, d’organisations, d’institutions et de municipalités à travers le pays prennent progressivement conscience de ce désengagement fédéral et contestent cette décision. Le RQOH se joint sans hésitation à ce mouvement.

Prochaine station : Montréal et la Ve édition du colloque

Cet automne, comme à chaque année paire, plus de 350 personnes du monde de l’habitation communautaire se rassembleront à l’appel du RQOH pour réfléchir, discuter, échanger et apprendre comment mieux gérer, développer et animer nos projets.

Le Ve colloque du RQOH se tiendra les 23 et 24 octobre 2014 à Montréal. Votre présence est importante, que vous soyez gestionnaire, administrateur, bénévole, intervenant ou locataire en OSBL, vous avez une contribution à y faire en partageant vos expériences et vos connaissances tout en profitant vous même de la contribution des experts, des invités et des autres participants.

En tant que nouveau directeur général du RQOH, cet événement sera aussi pour moi un moment privilégié pour vous rencontrer et approfondir ma compréhension de la grande richesse de l’habitation communautaire au Québec. C’est donc un rendez-vous à ne pas manquer !

Dans l’attente de vous rencontrer directement, je vous souhaite un excellent été 2014.

Article paru dans le bulletin Le Réseau no 45