5 mars 2012
Mélanie Clermont, directrice générale. Fédération régionale des OSBL d’habitation de Québec Chaudière-Appalaches
Encore en 2012, les personnes seules et les familles sont confrontées à diverses situations telles que la perte d’emploi, le surendettement ou une séparation pouvant menée à l’éclatement de la famille. Ce sont toutes des circonstances pouvant mener à l’itinérance temporaire (situationnelle), mais aussi cyclique.
Ce qui orientera l’issue sera la capacité de la personne ou de la famille à se mobiliser. Dans la région de Québec et de Chaudière- Appalaches, plusieurs ressources off ant du soutien sont disponibles, mais pour en profi er, la capacité de le demander doit être présente. Ce qui symbolise la première barrière de cette course à obstacles, car trop souvent l’isolement est déjà en place. Les services publics en santé et services sociaux de ces régions sont des alliés, si le facteur temps n’est pas un élément aggravant. Or, nous savons que c’est rarement le cas. En effet, les personnes et les familles vont demander de l’aide quand la situation est dégradée à un point tel, que les délais d’attente de service peuvent être préjudiciables.
C’est pourquoi il existe plusieurs organismes communautaires essentiels pour soutenir les personnes et les familles. Ces organismes permettent d’éviter que la situation d’itinérance devienne un mode de vie.
Dans les régions de Québec et de Chaudière-Appalaches, vous retrouvez de l’hébergement temporaire avec soutien psychosocial, de l’hébergement permanent abordable, de l’aide alimentaire, de la scolarisation à domicile, des plateaux de travail, etc. L’ensemble de ces services vise le même objectif : consolider l’estime de la personne pour qu’elle puisse aller de l’avant, incluant la capacité de faire des demandes dans le réseau public.
L’association entre le réseau public et communautaire : essentiel
Depuis 25 ans, la Maison de Lauberivière à Québec offre :
« (…) sous un même toit une panoplie de services aux personnes dans le besoin. Pour ce faire, des partenariats [1] ont été établis au fil des ans pour rejoindre la clientèle qui n’allait pas dans les services publics. Ce qui résulte qu’un adulte dans le besoin qui fait appel à cette ressource se verra accompagné, à son rythme, dans la reprise de son autonomie (empowerment). L’idée sous-jacente est que lorsqu’un lien de confiance est établi, la personne trouvera les services nécessaires à portée de main : un gîte et un couvert, un service de dégrisement dans la communauté, de la scolarisation (secondaire 1 à 5), de la formation débouchant sur une attestation d’étude professionnelle, un service de fiducie, des logements subventionnés supervisés. »
Certains feront ressortir que cette formule peut s’apparenter à une prise en charge de l’individu. Effectivement, vous avez raison. Mais soyons réalistes sur le fait qu’une certaine prise en charge peut être nécessaire le temps que la personne puisse se mobiliser ! Je vous cite le modèle de La Maison de Lauberivière pour illustrer qu’un partenariat entre public et communautaire donne de bons résultats. Les objectifs restent les mêmes, c’est les approches qui sont différentes.
Le visage de l’itinérance change, ce n’est plus seulement celui ou celle qui demande de la monnaie pour un café, c’est aussi votre voisin de bureau qui ira manger à la soupe populaire ou le parent que vous croisez à la porte de l’école de votre enfant qui perdra son logement à la fin du mois.
Ne cessons pas de nous parler entre organisations publiques et communautaires, car c’est lorsque nous travaillons ensemble que la situation s’améliore. Soyons des modèles de ce que nous prêchons, soit de s’unir pour mieux soutenir les personnes en situation de précarité.
1 La Commission scolaire de la Capitale, le Centre de réadaptation Ubald-Villeneuve, l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, le CLSC de la Vieille Capitale (point de service Basse-Ville) et Office Municipal d’habitation de Québec.