La récente Enquête sur les logements sociaux et abordables – Immeubles locatifs de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL)1 a analysé 565 000 logements, dont 60 % se trouvent dans huit régions métropolitaines de recensement, soit Toronto, Ottawa, Vancouver, Montréal, Winnipeg, Calgary, Edmonton et Windsor. 

L’enquête constate que les groupes qui bénéficient le plus des logements sociaux et abordables sont les familles (34 %) et les personnes âgées (23 %). Sur l’ensemble du territoire, 65 % des logements occupés par ces personnes sont la propriété d’organismes gouvernementaux et 21 % d’organismes sans but lucratif (OSBL). Les personnes qui sortent de l’itinérance et les personnes handicapées sont plus susceptibles d’être logées dans un ensemble géré par un OSBL.  

En ce qui trait à l’état des logis analysés dans l’ensemble du parc de logements sociaux et abordables au Canada, 43 % seraient en excellent ou en bon état, 19 % dans un état moyen et pas moins de 38 %, dans un état passable ou médiocre. Le rapport souligne par ailleurs que 53 % de ceux-ci ont été construits avant 1980, ce qui explique l’état de détérioration d’une part importante du parc immobilier.  

Sur une note positive, 73 % des immeubles comprennent des caractéristiques d’accessibilité, notamment les allées pavées pour les fauteuils roulants, une entrée sans marche et des stationnements accessibles. 

Quant au coût des loyers, ils varient considérablement d’Ouest en Est, la Colombie-Britannique ayant les loyers les plus élevés et le Nouveau-Brunswick, les plus faibles. Dans 88 % des cas, le prix des logements sociaux et abordables était basé sur la capacité de payer des ménages. Au Québec, on estime que 75 % des loyers sont fixés de cette façon.  

Le BSFI et le CNL inquiets 

Comme le soulevait le magazine Les Affaires, dans son dernier rapport annuel sur le risque, le marché du logement est identifié comme la principale source d’inquiétude du Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), en raison des « taux […] plus élevés [qui] se traduisent par des probabilités de défaillance plus importantes »2. 

Un rapport présenté par le Conseil national du logement (CNL) au ministre du Logement et de la Diversité et de l’Inclusion émet également des recommandations afin d’améliorer la Stratégie nationale sur le logement (SNL), qui contribue aux conditions de logement des personnes ayant les des besoins impérieux en la matière.  

Intitulé Renouveler la Stratégie nationale sur le logement au Canada, le rapport dresse un examen complet de la SNL. Il fait entre autres état des problèmes engendrés par l’absence de financement direct du fédéral au fil des 30 dernières années. Il révèle ainsi la perte de 550 000 logements abordables au cours des 10 dernières années, rappelant que la SNL, qui n’a produit que 115 000 logements depuis 2017, a peu d’impact sur les clientèles prioritaires ciblées.

La difficulté d’arrimage entre les provinces et les territoires nuirait aussi aux efforts des fournisseurs de logements qui desservent les gens les plus vulnérables. Ainsi, depuis le lancement de la SNL, la situation s’est détériorée.  

D’ailleurs, selon les chiffres recueillis en 2021, Statistique Canada indiquait que 20,9 % des ménages consacraient 30 % ou plus de leurs revenus à se loger, alors que la Loi sur la SNL adoptée en 2019 a reconnu le droit au logement comme étant fondamental.3

En définitive, il est urgent d’accroître et de protéger la part de logements hors marché afin de rétablir l’équilibre.