1 décembre 2012
Par Philippe Merizzi, Conseiller en prévention, Mutuelle de prévention des OSBL d’habitation
Vous êtes nombreux à vous questionner sur l’obligation ou non de porter des chaussures de sécurité à la cuisine. Nous répondons aussi régulièrement à vos questions à savoir si vous avez l’obligation de payer ce type de chaussures à votre responsable de l’alimentation, à quelle fréquence les remplacer et si vous avez les mêmes obligations envers le personnel de remplacement, etc.
Ce que dit la législation à ce sujet
D’abord, rappelons que la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) a pour but d’éliminer les dangers à la source. À défaut de pouvoir le faire, nous devons les contrôler. La LSST émet également quelques balises concernant les équipements de protection individuelle (EPI). L’article 51, alinéa 11, stipule que l’employeur doit fournir gratuitement à ses travailleurs les moyens et équipements de protection individuels déterminés par règlement et s’assurer que les travailleurs, à l’occasion de leur travail, utilisent ces moyens de protection.
Le Règlement sur la santé et la sécurité au travail (RSST) qui découle de cette loi précise les obligations en ce qui a trait aux EPI. En effet, les articles 338 et 339 fixent les obligations pour les employeurs et les travailleurs. Ces premiers doivent les fournir gratuitement et s’assurer que les travailleurs les utilisent. Ces derniers, quant à eux, ont l’obligation de les porter dans le cadre de leur travail et de les maintenir en bon état. Quant à l’article 344, alinéa 4, il mentionne aussi que le port de chaussures de protection est obligatoire pour tout travailleur exposé à se blesser les pieds à la suite de la chute d’objets lourds, brûlants ou tranchants.
Alors, comment s’applique cette règlementation dans la cuisine de votre résidence pour :
La règlementation est claire. Votre responsable de l’alimentation doit avoir des chaussures de sécurité et vous devez les lui fournir.
Le nombre d’heures travaillées importe peu. Vous êtes soumis à la même règlementation, car les dangers associés à la cuisine sont les mêmes qu’on y travaille 15 ou 35 heures. Par exemple, votre cuisinière pourrait renverser le contenu d’un chaudron sur les pieds de votre aide à l’alimentation, même si celle-ci ne travaille que 3 jours sur 5 pendant la semaine. Le soulier « capé » est donc nécessaire.
Encore là, la loi étant la loi, cette dernière s’applique. Ainsi, afin de vous assurer de respecter vos obligations, n’hésitez pas à mentionner cette condition d’embauche lorsque vous contactez la personne remplaçante. Vous éviterez ainsi les mauvaises surprises. Vous êtes tout à fait dans vos droits d’exiger le port de chaussures de sécurité pour toute personne qui travaille à la cuisine et cela démontre votre engagement envers la santé et la sécurité de votre personnel.
Durée de vie des chaussures
Il n’y a pas de règlementation précise à cet effet. Cependant, il est évident que vous devrez les remplacer si celles-ci montrent des signes d’usure évidents qui peuvent remettre en cause la sécurité de votre cuisinière. Mentionnons, à titre d’exemple, une chaussure dont l’embout d’acier est visible ou dont la semelle n’offre plus aucune adhérence au sol.
C’est à vous et à votre responsable de l’alimentation d’être vigilants. Après 2 ou 3 ans, il est généralement le temps de remplacer les chaussures de sécurité.
Choix des chaussures
Pour vous assurer que vos travailleuses portent leurs chaussures de sécurité et que celles-ci soient confortables, il est important que vos travailleurs choisissent eux-mêmes le modèle qui leur convient. Aussi, les souliers « capés » étant plus étroits et plus rigides, il est recommandé de choisir une grandeur plus élevée que pour des chaussures régulières afin d’y être confortable.
Il existe également un modèle d’embouts de PVC munis d’une sangle qui s’attache au talon et qui s’enfile par-dessus n’importe quel type de souliers. Celui-ci offre une protection des pieds adéquate. Toutefois, il est important de savoir que cet équipement ne doit être utilisé que sur une courte période; pour un remplacement d’une ou deux journée par exemple. Ce modèle, bien que sécuritaire, n’offre pas le confort nécessaire et approprié pour le personnel travaillant plusieurs heures par semaine; il ne sert qu’à « dépanner » lorsque la situation l’exige.
Un petit conseil pour conclure! Il peut être important d’intégrer le port des chaussures de sécurité dans votre politique vestimentaire existante à la cuisine de votre résidence. Vous éviterez ainsi tout imbroglio avec les membres de votre personnel. En santé et sécurité au travail, la transparence et la clarté sont gage de succès!