26 mars 2021

Surprise et déception devant le budget 2021 : Seulement 33 nouveaux logements sociaux d’ici 2023

Communiqué du 25 mars 2021 [Montréal] — Le Réseau québécois des organismes sans but lucratif d’habitation (RQOH) accueille avec déception et surprise les sommes dédiées au logement social dans le budget 2021-2022. Sans chiffrer les besoins actuels, le gouvernement ne prévoit réaliser que 2 441 logements sociaux en 2021 alors que la cible à atteindre est de 5 000 nouveaux logements par année pour répondre aux besoins de la population.

Au cours des cinq prochaines années, le gouvernement ne prévoit financer que 500 nouveaux logements (37,6 M$) dans le cadre du programme AccèsLogis. Dans les faits, de cette somme, seulement 2,5 M$ seront investis d’ici 2022-2023, soit l’équivalent de 33 nouveaux logements qui n’étaient pas prévus.

« Entre un projet de stade de baseball et des logements sociaux abordables pour les populations fragilisées et exclues qui incluent aussi bien les femmes en situation précaire, les personnes âgées, les personnes handicapées, les familles, les personnes immigrantes et tant d’autres, il nous apparait clair que le choix est simple », indique Chantal Desfossés, directrice générale du RQOH.

Le RQOH constate un élément positif avec le maintien du programme AccèsLogis dans le budget 2021-2022, ce qui permet de conserver un service minimal à la population.

Un vecteur de relance économique et de bienveillance

« Le gouvernement avait l’occasion de stimuler l’économie tout en supportant les populations vulnérables à se loger convenablement et de manière abordable. C’est une occasion manquée. Les investissements pour construire ces logements pourraient être un vecteur de la relance économique dans l’ensemble des régions du Québec » ajoute Mme Desfossés.

Malgré le manque de logements abordables dans plusieurs régions du Québec, seulement 841 unités ont été construites en 2020, contre 1759 en 2019. Dans le budget d’aujourd’hui, M. Girard annonce une somme de 250 M$ sur 5 ans pour accélérer la livraison de seulement 5 000 des logements déjà programmés. Le gouvernement du Québec est loin des 12 000 logements en attente qui doivent être construits et des 5 000 nouveaux logements annuellement qui est nécessaire pour soutenir la population et offrir un toit sur la tête des gens.

Le programme de supplément au loyer

Le budget annonce un investissement de 16,9 M$ pour l’attribution de 400 PSL dans le marché privé pour les personnes en situation d’itinérance, les jeunes provenant des services d’hébergement en protection de la jeunesse et les femmes victimes de violence conjugale. Pour le RQOH, il s’agit d’une mesure « complètement déconnectée de la réalité de ces personnes ». « Nous sommes loin d’être convaincus, explique Mme Desfossés, que les propriétaires dans le marché privé sont outillés pour recevoir dans des logements locatifs conventionnels des personnes en difficulté. » Le secteur du logement sans but lucratif a démontré depuis longtemps que seul le soutien communautaire en logement social peut assurer la stabilité résidentielle dont ces personnes ont besoin.

Femmes, violence conjugale et maisons d’hébergement

À cet égard d’ailleurs, l’Alliance des maisons d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2) accueille elle aussi le budget Girard « avec grande déception ». L’attribution de 22,5 M$ sur cinq ans pour rehausser les services offerts par les maisons d’hébergement, alors que les demandes se chiffraient à 75 millions $, représente un financement au compte-goutte qui ne tient tout simplement pas compte de la réalité.

Crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés

Le RQOH fait depuis des années des représentations pour demander une bonification de ce crédit pour les personnes âgées à faible revenu. Le budget annonce une augmentation du crédit d’impôt uniforme pour tous les contribuables éligibles à raison de 1 % par année pendant 5 ans. « Nous restons d’avis qu’il eut été préférable d’augmenter plus fortement le taux de remboursement des personnes âgées à faible revenu, car l’option retenue par le gouvernement fait qu’une personne qui a les moyens de se payer un logement dans une résidence privée de luxe obtiendra beaucoup plus d’argent qu’une personne aînée désavantagée sur le plan économique », conclut Chantal Desfossés.