6 août 2020
Vivant déjà avec une grande pression et dans des conditions psychologiques et financières difficiles même en temps « normal », la vie des personnes aidantes naturelles œuvrant auprès d’aîné·es a été mise à dure épreuve par la pandémie de Covid-19. Comme le rapportait Daniel Germain dans le Journal de Montréal du 20 juin 2020 : « L’épidémie […] nous a révélé l’urgence d’améliorer les conditions de travail des préposés aux bénéficiaires et d’investir dans le réseau des CHSLD. » Le journaliste terminait avec une mise en garde : « Dans un contexte où plus de gens voudront prendre soin d’un proche, et où le système aura de plus en plus besoin d’eux, la réflexion sur la reconnaissance des aidants naturels devrait inclure un volet financier. »
Le 19 mai, avant donc que ne commence le relâchement du confinement généralisé, Anne Marie Lecomte, de La Presse, rapportait : « Épuisement, isolement, détresse. Après deux mois de pandémie de coronavirus, il faut sans délai se pencher sur la situation des proches aidants confinés à domicile avec une personne vulnérable, selon des organismes qui leur viennent en aide. »
À Ottawa, le message ne semble avoir été entendu qu’à moitié. Deb Schulte, la ministre des Aînés du cabinet de M. Trudeau, a fait connaître une communication dans laquelle est admet que « la pandémie de COVID-19 a été particulièrement difficile pour les aînés et leurs aidants naturels […] Pour certains aidants, cela peut entraîner une augmentation du niveau de stress, d’anxiété, et dans certains cas, de dépression. » Mme Schulte enchaîne ensuite sur… des « conseils pour prendre soin de soi à l’intention des aidants naturels » (la promenade, les loisirs, la méditation…). Quant aux mesures financières, on renvoie les personnes aidantes naturelles à la panoplie mise en place dans le cadre de la pandémie, c’est-à-dire la prestation canadienne d’urgence et un lien vers l’organisme de charité Centraide !
Le gouvernement du Canada a bien un crédit d’impôt pour les proches aidants, mais « comme il s’agit d’un crédit non remboursable, cela veut dire que pour y avoir droit, l’aidant doit payer de l’impôt. Quelqu’un qui déciderait de mettre sa carrière en veilleuse pour aider un membre de sa famille ne toucherait rien », explique Daniel Germain dans l’article déjà cité.
À Québec, la bonification du soutien aux personnes proches aidantes remonte au budget « pré-pandémie » de mars 2020, qui comportait certaines mesures financières : 1250 $ mensuels si la personne proche aidante héberge l’adulte auquel elle prodigue des soins et des sommes supplémentaires soumises à d’autres conditions. Ces mesures demeurent largement insuffisantes aux dires des organismes œuvrant dans le milieu.
Le projet de loi 56 déposé en juin 2020 qui prévoit la mise en place d’une politique nationale des proches aidants contiendrait enfin une « définition officielle du proche aidant », ce dont s’est réjouie la FADOQ, mais il apparaît pour le moment que cette politique ne comprenne pas de volet financier ou fiscal, si ce n’est la vague promesse de « favoriser des réponses adaptées [aux] besoins spécifiques » des aidants naturels. L’étude du projet de loi 56 devrait commencer à la reprise de la session parlementaire en septembre.
Au cours des dernières années, et plus encore au cours des derniers mois, la société québécoise a exprimé une préoccupation accrue pour la sûreté des milieux de vie où habitent ou sont hébergées des personnes aînées. Le logement communautaire, en offrant des logements décents et abordables, est certainement un modèle à explorer dans une réflexion plus large sur les soins aux personnes aînées dans leur milieu de vie.