11 mai 2021
En ce mois de l’héritage asiatique, qui vise à célébrer l’apport des Canadien·nes d’ascendance asiatique à la société, le RQOH est heureux de faire ce petit portrait de Jessica Chen, une professionnelle en urbanisme dont la contribution à l’étude des effets sociaux et démographiques de la gentrification des quartiers chinois de Vancouver et de Montréal est remarquable.
Originaire de Taiwan, Jessica a vécu une quinzaine d’années à Vancouver avant de déménager à Montréal en 2013. C’est dans le cadre de l’organisation de son colloque tenu à Québec en 2018 que le RQOH a eu l’occasion de faire plus ample connaissance avec cette spécialiste en politiques et en stratégies urbaines. « Comment le logement communautaire peut-il contribuer à développer la résilience de nos quartiers face aux impacts négatifs de la gentrification? Et comment le fait de mettre les personnes au premier plan peut améliorer la conception et l’offre de logements communautaires? », sont deux exemples de questions qu’elle a contribué à creuser lors de cet événement, dans un français qu’elle ne maîtrisait seulement que depuis peu, en compagnie d’autres intervenants québécois.
On a vu Jessica récemment sur le terrain et dans les médias, en compagnie de membres de la communauté chinoise s’organisant pour contrer l’embourgeoisement du tang ren jié, le Quartier chinois de Montréal. En effet, des hommes d’affaires ont acheté au cours des derniers mois plusieurs édifices dans la partie la plus ancienne du secteur. L’implication de Jessica Chen dans le Groupe de travail sur le Quartier chinois de Montréal va de soi, elle dont les recherches ont largement porté sur la relation entre les modes d’occupation et d’habitation des communautés et le façonnement des milieux de vie plus résistants aux vagues d’embourgeoisement.
Dans une entrevue qu’elle accordait récemment à The Gazette, Jessica expliquait l’importance d’une désignation patrimoniale pour le Quartier chinois de Montréal, une question de « conservation vivante », selon elle. « Il ne s’agit pas seulement de faire un musée » d’un quartier sanctuaire, historiquement créé des suites de la discrimination envers les Asiatiques qui n’étaient pas acceptés ailleurs dans la ville. Le Groupe de travail sur le Quartier chinois de Montréal réclame des gouvernements l’obtention de « plus de logements abordables, d’espaces communautaires et d’espaces verts ».
Des revendications qui entrent en résonnance avec les implications de Jessica dans le secteur du logement social et communautaire depuis plus de dix ans. François Giguère est le directeur de SOLIDES, un organisme de Châteauguay, et il se rend souvent à Vancouver. Il raconte : « Jessica a une expérience et des connaissances qui lui permettent de voir des similitudes dans les enjeux sociaux en lien avec les développements dans les quartiers de la région de Vancouver et des villes au Québec. Il y a deux ans elle organisait un évènement important lors du congrès de l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine (ACHRU) à Victoria. À cette occasion, elle a mis sur la même scène des collègues québécois et britanno-colombiens afin que nous présentions nos organisations, mais surtout pour que nous puissions voir, à travers un narratif, une façon de voir des villes inclusives, résilientes et au service des citoyens qui les habitent. »
Un grand merci à Jessica Chen pour son implication qui contribue à l’amélioration des conditions de logement et de vie dans nos quartiers.