28 mai 2018
À travers les œuvres de l’artiste André Michel, l’exposition Nomades ou itinérants – Peuples en danger aborde les enjeux liés à la présence dans la métropole d’une population trop souvent invisible. Le peintre ethnographe, qui est né à Avignon en France en 1958, nous invite à connaître la réalité des autochtones qui vivent en situation d’itinérance. Après avoir partagé pendant 18 ans la vie des Innus dans leur quotidien en forêt, leur repas, leur vie de nomade, André Michel a posé son regard sur les points de rupture et de continuité d’un mode de vie autochtone en soulignant les enjeux liés à la présence des autochtones itinérants à Montréal.
L’artiste, que l’on surnomme parfois « le peintre des Amérindiens du Québec », travaille depuis plus 45 ans à diffuser un mode de vie qui est en train de disparaître, refusant d’être le témoin silencieux des effets d’un procès migratoire qui a commencé à partir des années 1970 au Québec, mais dès les années 1950 dans le reste du Canada. Aujourd’hui, près de 60 % de la population autochtone habite en milieu urbain, dont 25 000 dans la métropole québécoise.
Les statistiques révèlent que les Autochtones urbains sont huit fois plus susceptibles d’être sans abri que les personnes non autochtones, un phénomène qui affecte souvent des familles entières. Qu’elle vive en réserve ou dans les grands centres urbains, la population autochtone vit de sérieux problèmes de logement. Généralement, il y a des problèmes de salubrité, un besoin de réparations majeures ou des enjeux liés au surpeuplement. Le nombre de personnes par ménages surpasse largement la moyenne nationale canadienne et contribue à l’existence de situations de crise, d’abus, de violence domestique, de consommation de drogue ou d’alcool.
À travers sa peinture, André Michel fait le parallèle entre, d’une part, la personne autochtone qui se trouve dans le bois s’affairant à trouver le meilleur endroit pour s’installer et trouver de la nourriture et, d’autre part, aux problématiques des autochtones itinérants de Montréal qui chaque jour se demandent « où est-ce que je vais coucher ? » et « qu’est-ce que je vais manger ? » L’artiste met également en lumière la discrimination systémique vécue par les Autochtones. Ceux-ci décrivent le racisme comme un phénomène limitant, suffoquant, violent et sans fin, tant au niveau institutionnel qu’individuel, ce qui contribue à perpétuer l’itinérance autochtone partout au Canada.
L’ouvre de l’artiste qu’invite à s’interroger sur toutes ces conditions de vie des autochtones devenus itinérants urbains est sans aucun doute une occasion à ne pas manquer.
L’exposition Nomades ou itinérants – Peuples en danger, qui tient l’affiche jusqu’au 26 août 2018 à l’Écomusée du fier monde à Montréal, est coréalisée par la Maison amérindienne de Mont-Saint-Hilaire. Elle est composée de dessins à la sanguine (encre de Chine), un produit minéral qui a l’avantage de couvrir plus rapidement que les autres crayons la grande surface de carton, et à la peinture à l’huile.