8 janvier 2020

Un parcours au Blitz de l’habitation communautaire avec Caroline Gendreau

 

La directrice du Domaine des Trois- Pistoles s’est rendue à Québec en octobre 2019 pour une expérience hors du commun avec une centaine d’autres personnes intervenant dans l’habitation communautaire partout au Québec. Après à peine un an à son poste, celle qui est encore novice dans le secteur a saisi cette occasion de sauter dans le bain collectif.

« Je voulais me baigner dans l’environnement des OSBL, avoir une vue d’ensemble. »

Cette récréologue de formation, profil gériatrie, a touché à tout, du CHSLD à l’immersion en français de jeunes provenant du reste du Canada. Elle est toute nouvelle dans notre réseau et dirige maintenant un OSBL de 34 unités dont la moitié des locataires sont bénéficiaires d’un programme de supplément au loyer. Ses homologues des autres régions participaient comme elle, sur la colline parlementaire à Québec, à des rencontres avec des ministres, des député.es des quatre partis représentés à l’Assemblée nationale ainsi que des responsables du gouvernement pour faire le point sur les dossiers touchant l’habitation communautaire.
Les grands dossiers du secteur OSBL, « je ne les connaissais que du petit bout de la lorgnette », dit Caroline Gendreau qui a mené son organisme contre vents et marées tout au long de la dernière année sans avoir le luxe de porter grande attention à autre chose qu’aux problèmes très concrets du Domaine des Trois-Pistoles. « Un des enjeux principaux chez nous est l’harmonisation des services que la personne reçoit “au bail” avec ceux qu’elle pourrait être en droit de recevoir du réseau de la santé ».

En participant dans le cadre du Blitz à l’atelier « Des logements abordables et sécuritaires pour les personnes aînées » animé par Jacques Beaudoin puis, le lendemain, à une rencontre avec la ministre des Aînés et des Proches aidants Marguerite Blais, elle a pu mesurer à quel point la perte progressive d’autonomie chez les personnes aînées résidant en OSBL était un enjeu partagé. « C’est un défi, ce moment où il est plus délicat, en tant que pourvoyeur d’un logement, de répondre de la sécurité d’une personne vieillissante. Il faut discuter avec le MSSS et arrimer les services. »

Caroline Gendreau a bien aimé la rencontre avec la ministre Blais. « Au moment du tour de table, chaque gestionnaire d’OSBL a pu exprimer ce qu’il ou elle vivait. J’ai aimé le personnage, elle a mentionné clairement qu’elle avait du temps. Et, comme elle connaissait déjà le réseau, la communication a été fluide. Quant à savoir si nous avons vraiment été entendu.es… » Il faudra juger sur pièce, croit-on entendre.

Le Blitz de l’habitation communautaire, pour la gestionnaire de Trois-Pistoles incorporée dans la délégation de la Fédération des OSBL-H du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie et des Îles,

« C’est une occasion d’avoir l’heure juste sur les dossiers et établir un lien de confiance, c’est une belle organisation, les gens travaillent bien, je me suis sentie épaulée, dans une bonne atmosphère d’écoute des autres participants et participantes, de partage d’expériences. »

Le Domaine des Trois-Pistoles qu’elle administre offre des logements abordables pour des personnes aînées autonomes. « C’est dans le Bas-Saint-Laurent, de préciser Caroline Gendreau, que l’on retrouve l’une des plus fortes proportions de personnes aînées au Québec. La croissance de ce segment de la population entraîne une demande pour des logements abordables, car ce n’est pas une région très riche. »

Il y a en effet plus de 600 ménages sur les listes d’attente pour obtenir un logement en HLM au Bas-Saint-Laurent. Un portrait fait en 2016 par le Bureau de la statistique du Québec indiquait qu’en comparaison avec l’ensemble du Québec, « la population du Bas-Saint-Laurent est plus fortement touchée par la défavorisation matérielle. En effet, près de quatre résidents sur dix y vivent dans des conditions économiques désavantageuses ». Trois-Pistoles présente des proportions de population très défavorisée largement supérieures à la moyenne provinciale : 75 % contre 37,6 % pour l’ensemble du Québec. L’économie de la région ne s’est que très difficilement remise de la crise forestière des années 2005-2010.

Dans ce contexte, on saisit aisément l’importance d’organismes comme le Domaine des Trois-Pistoles, et on ne peut que souhaiter qu’il y ait davantage de logements communautaires permanents, abordables et de qualité pour soulager la pression sur les ménages les plus vulnérables, et pas uniquement dans les segments plus âgés de la population. Le développement de logements pour lutter contre l’itinérance, pour les femmes ou mères monoparentales, pour les personnes handicapées et les personnes vivant avec un problème de santé mentale, a justement été au cœur de la rencontre qu’a tenue une délégation du Blitz avec Alexandre Leduc, député solidaire d’un des quartiers les plus pauvres au Québec : Hochelaga-Maisonneuve. « Participer au Blitz m’a permis de saisir les efforts collectifs, de ne pas me sentir toute seule, d’avoir une vision plus globale. »

En somme, après l’expérience, elle se sent « mobilisée, requinquée ». « Le Blitz a un effet mobilisateur. L’activité nous permet d’acquérir plus de vocabulaire dans notre milieu. Et c’est formateur, de reconnaître qu’il y a une structure autour de nous qui travaille pour nous. Et le sentiment de contribuer à l’avancement de tout cela est valorisant », conclut-elle.