1 mars 2021

Une année à se retrousser les manches

 

Un an déjà que l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que l’épidémie de Covid-19 était une menace de santé publique pour le monde entier, et il est encore malheureusement trop tôt pour faire le bilan d’une dure réalité qui tarde à devenir un mauvais souvenir. Il est cependant d’ores et déjà évident que la pandémie aura eu des effets durables sur l’abordabilité et la pérennité d’une partie non négligeable des projets de logement communautaire au Québec. Des effets durables, mais pas irréversibles, car comme nous le verrons dans ce numéro, personne ici n’a baissé les bras.

Les OSBL d’habitation pour aînés, qu’ils soient certifiés RPA ou pas, nous viennent comme de raison immédiatement à l’esprit, étant donné le risque encouru pour ces personnes et le lourd tribut en vies qui les afflige depuis un an. Le texte des pages 8 et 9 rend compte des défis qui ont dû être relevés par un ce secteur tenu à bout de bras, et qui mérite notre admiration.

S’il est une réalité pour laquelle nous devons collectivement prendre la mesure de l’importance, c’est bien celle des projets d’habitation s’adressant à des personnes ayant des besoins spéciaux en matière de logement se traduisant souvent par une exigence de services d’assistance personnelle sur place : il est question ici des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, des personnes présentant une déficience intellectuelle ou encore un handicap physique, celles victimes de violence, et d’autres, en situation d’itinérance ou risquant de le devenir, de même que des familles monoparentales avec besoins particuliers, etc. Dans tous ces projets, les OSBL d’habitation n’ont ménagé aucun effort pour mettre en place les mesures de protection recommandées par les autorités de santé publique, et ce, malgré le peu de moyens dont ils disposent.

Et c’est tout à leur honneur, car ici, point de mesures d’aide particulière, pas d’embauches supplémentaires, pas de bonification des salaires des préposées et intervenantes et c’est franchement surprenant. Le gouvernement doit pourtant connaître leurs besoins, étant donné que ces projets nécessitent presque toujours une collaboration étroite avec le réseau de la santé et des services sociaux. Force est de constater qu’il a simplement décidé de regarder ailleurs. Pourtant, les dépenses imprévues devront nécessairement se refléter quelque part. Il importe avant tout que ce ne soit pas les personnes les plus à risque de notre société qui en paient le prix. À tous ces OSBL, sachez que nous poursuivons nos représentations afin que votre réalité soit enfin reconnue et soutenue de manière tangible.

Bien que la pandémie a toujours cours, vous constaterez à la lecture de votre bulletin Le Réseau que le RQOH ne ménage aucun effort pour poursuivre l’œuvre qui nous rassemble toutes et tous. Nous profitons donc de ce numéro pour vous traduire nos priorités collectives dont le dessein vise ultimement à préserver le parc existant, à développer le logement et à consolider le secteur de l’habitation sociale et communautaire. Nous parlerons de santé et sécurité du travail, de soutien communautaire en logement social, d’espaces libres de violences, d’acquisition de logements abordables et de conversion d’immeubles, et bien sûr, nous ferons notre traditionnelle tournée des régions avec notre rubrique prévue à cet effet.

Ultimement, vous constaterez que nous insisterons sur la préservation des milieux de vie que nous avons construits collectivement depuis des décennies, et qui méritent enfin de se tailler une place au rang des politiques et de l’opinion publique. Car, c’est plus de 55 000 ménages locataires qui comptent sur nos efforts pour maintenir leur logement à un prix qu’ils et elles peuvent se permettre, et c’est plus de 150 000 autres ménages partout au Québec qui consacrent plus de la moitié de leur revenu au paiement du loyer dans un marché locatif privé qui, de surcroît, ne leur garantit pas un logement digne et sécuritaire!

Certes, on a du pain sur la planche, mais la pandémie n’aura pas raison de nos forces vives puisque c’est avec le cœur au ventre que nous faisons route ensemble. Malgré la solitude qui nous habite, puisque nous sommes souvent seuls ou dans notre petite bulle, ne perdons pas de vue que nous sommes unis par la mission que nous portons haut et fort.

Bonne lecture !

Chantal Desfossés