8 janvier 2020

Une conjoncture stimulante pour me joindre à vous

Difficile de tomber sur un meilleur moment pour prendre le relais de la direction générale de l’équipe du RQOH, alors que nous soulignerons au cours de cette année qui s’amorce le 20e anniversaire du Réseau, que nous attendent une série de priorités et que nous nous trouvons au lendemain d’élections générales à Ottawa.

 

L’automne dernier, la question du logement s’est imposée davantage qu’auparavant dans les élections fédérales, bien que trop modérément encore. Impossible évidemment de passer sous silence le fait qu’au Canada, 1,2 million de ménages locataires ont des besoins impérieux de logement et des dizaines de milliers d’autres sont littéralement à la rue.

La poussière étant maintenant retombée à Ottawa, on y voit un peu plus clair. La mise en œuvre de la Stratégie nationale sur le logement incombera à un nouveau ministre, M. Ahmed D. Hussen, qui prend la direction du ministère de la Famille, des Enfants et du Développement social où il succède à M. Duclos. Soulignons que les partis d’opposition susceptibles de soutenir au cas par cas le gouvernement minoritaire de M. Trudeau aux Communes, le Nouveau parti démocratique et le Bloc québécois, ont tous deux fait connaître des demandes fortes en termes d’accessibilité au logement. En effet, le 17 octobre 2019, Jagmeet Singh s’est engagé à « construire 50 000 logements sociaux sur 5 ans au Québec ». Le même jour, Yves-François Blanchet s’engageait « à exiger d’Ottawa de réinvestir trois milliards de plus pour le logement social et de transférer l’argent sans condition au Québec ».

Les réserves exprimées par le RQOH et ses partenaires concernant certains volets de cette stratégie sont toujours d’actualité. Deux ans après le lancement du Fonds national de co-investissement, le nombre de projets acceptés et mis en œuvre dans le cadre de celui-ci est loin d’atteindre ses objectifs. On ne sait toujours pas dans quelle mesure l’Allocation canadienne pour le logement permettra d’offrir un plus grand nombre de logements abordables dans le secteur communautaire.

Pour que les provinces accèdent aux fonds de la Stratégie canadienne devant les aider à répondre aux besoins de leurs populations respectives, elles doivent signer une entente avec Ottawa. Or, à la veille du déclenchement des élections, l’entente concernant le déploiement de la Stratégie au Québec n’avait pas encore été conclue entre les deux paliers de gouvernement. Lorsque les discussions reprendront, ce qui ne saurait tarder espère-t-on, le gouvernement du Québec devra s’assurer que les sommes qui seront déboursées par Ottawa s’ajouteront à ses propres engagements.

La préparation du budget 2020 à Ottawa est l’occasion de remettre à l’ordre du jour les priorités clairement exprimées en campagne électorale en matière de logement et de lutte à l’itinérance. L’accessibilité et l’abordabilité du logement, qui passent notamment par la construction de nouvelles habitations communautaires et des mesures pour protéger les projets déjà existants, ont certes un prix – qu’il est plus judicieux de s’acquitter collectivement que de laisser ce fardeau aux seules personnes en position de vulnérabilité. Des partenaires du RQOH ont chiffré les besoins d’investissements, pour le Québec uniquement, à 2 milliards $ par année pour la réalisation de nouveaux logements sociaux et à 50 millions $ par année l’augmentation du financement du programme Vers un chez-soi, dédié à la lutte à l’itinérance. Ces chiffres donnent la mesure du travail de représentation qui nous attend auprès du nouveau ministre, monsieur Hussen, travail auquel nous nous attelons avec le plus grand enthousiasme.

Chantal Desfossés, directrice générale