Bien que l’ampleur des investissements annoncés soit nettement insuffisante, le Réseau québécois des OSBL d’habutation se réjouit de la signature de l’Entente Canada-Québec sur le logement, dont les détails ont été rendus publics ce matin. Le Réseau espère que la conclusion de cette entente, tant attendue, s’avère le signal qu’attendait Québec pour relancer sérieusement la construction de logements sociaux et communautaires. La ministre Andrée Laforest a en effet déclaré qu’elle était le signe d’« une nouvelle ère en habitation ». Les détails de l’entente, qui couvre la période 2018-2028, ont été dévoilés conjointement par la ministre québécoise et son homologue au fédéral, le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Ahmed Hussen.
Le cœur de l’entente, selon les informations transmises en conférence de presse, c’est l’annonce d’un investissement conjoint de 2,2 milliards $, sur neuf ans, pour la rénovation du parc HLM, ce qui inclut 63 000 logements. Cela vient répondre à une préoccupation importante et c’est certainement une bonne nouvelle pour les locataires et pour la pérennité de ces ensembles immobiliers, dont plusieurs sont vieillissants.
Cela dit, le RQOH ne peut qu’exprimer sa déception de la faiblesse des investissements annoncés pour répondre aux besoins croissants et construire de nouveaux logements : on parle ainsi d’un investissement conjoint (total) de 545 millions $ sur huit ans, qui pourrait permettre la réalisation de 2 800 à 4 000 nouvelles unités. C’est largement insuffisant, quand on sait que plus de 300 000 ménages locataires vivent actuellement dans un logement inabordable ou inadéquat.
« Québec doit immédiatement confirmer que la totalité de cette enveloppe sera consacrée au programme AccèsLogis et s’engager à y ajouter sa propre contribution pour lancer dans les plus brefs délais une nouvelle programmation de 10 000 logements, en plus de ceux qui ont été engagés par les gouvernements précédents », a réagi la directrice générale du RQOH, Chantal Desfossés.
L’entente réserve aussi près de 910 millions $ pour une aide directe à la personne, qui permettra, disent les ministres, « de bonifier le programme Allocation-logement de la Société d’habitation du Québec ». « Comme cela doit encore faire l’objet de discussions entre Québec et Ottawa, ajoute Mme Desfossés, souhaitons que Québec en profite pour qu’une partie au moins de cette enveloppe puisse servir à financer un plus grand nombre de suppléments au loyer dans les ensembles de logements appartenant à des organismes sans but lucratif. Ce serait là une forme d’aide qui profiterait directement aux locataires, tout en renforçant un parc immobilier soustrait à la spéculation et voué à demeurer abordable pour toujours. »
Enfin, on annonce la création d’un comité conjoint fédéral-provincial où le Québec aura son mot à dire sur les investissements faits par la Société canadienne d’hypothèques et de logement dans le cadre du Fonds national de co-investissement du fédéral (« afin de permettre au Québec d’orienter de manière optimale ce financement livré par la SCHL en choisissant des investissements alignés avec ses propres priorités », dit le communiqué émis par les ministres). « Espérons que cela ne viendra pas ajouter des délais supplémentaires dans l’analyse des projets soumis à la SCHL, quand on sait que le processus actuel est déjà trop long », de conclure la directrice générale du RQOH.
Crédit photo : Ivanoh Lemers