Traverser la tempête
L’organisme a traversé une crise entre 2017 et 2019. De nombreux reproches ont été allégués à l’endroit de l’administration précédente du projet, qui ont en outre été largement rapportés dans les médias. Des locataires se sont plaints de certaines pratiques à leur égard, tandis que l’immeuble était aux prises avec des problèmes de moisissures laissant des logements vacants ou en mauvais état. Bref, une période difficile et traumatisante à certains égards.
Ces locataires ont eu le courage d’interpeler le Comité logement Petite-Patrie, qui a lui-même rameuté la table de concertation des groupes communautaires du quartier, le député Gabriel Nadeau-Dubois a relayé le dossier. De son côté, la Société d’habitation du Québec a mis le holà, la Fédération des OSBL d’habitation est venue en appui, le RQOH également. Cela a donné lieu à un beau sursaut de dignité, une reprise en main par les locataires et le milieu. Les gestionnaires dont les pratiques étaient contestées ont été remplacée.s, et une nouvelle administration élue démocratiquement. Robert Mackrous, un gestionnaire chevronné à la feuille de route irréprochable, a été dépêché par la FOHM, et c’est à ce dernier qu’a succédé Stella Anastasakis, l’actuelle directrice.
Si nous évoquons ce difficile épisode, ce n’est pas pour remuer le fer dans la plaie, mais plutôt pour souligner que dans ce cas précis comme dans d’autres, potentiels, « mettre la clé sous la porte » n’est pas la solution et qu’il est important que la communauté prenne en main la pérennité des trop rares immeubles de propriété collective dont nous disposons. « C’est avec satisfaction que nous voyons cet organisme évoluer depuis la reprise en main, témoigne Chantal Desjardins, directrice générale de la FOHM. Nous avons mis ou remis en place plusieurs choses. Tout un plan de redressement a été établi avec la SHQ : gestion, comptabilité, financement, soutien communautaire, travaux sur l’immeuble, etc. »
Pandémie
L’organisme est sorti renforcé d’une crise interne… pour plonger tête première dans une autre crise, mondiale celle-là. Stella Anastasakis n’était en poste que depuis quelques semaines quand la pandémie a frappé de plein fouet les résidences pour aînés. « Toute l’équipe ici on s’est mis à répondre aux demandes du CIUSSS : barrer les portes, empêcher le monde de sortir et d’entrer, se mobiliser sept jours sur sept », un vrai branle-bas de combat, raconte la directrice.
Par chance, mais sans doute aussi grâce au travail d’une équipe extraordinaire, le Carrefour Rosemont n’a eu à déplorer aucun décès dû à la Covid-19. Mais la frousse n’en a pas été moins grande pour autant, et les conséquences, assez terribles.
« À ce moment-là, on pouvait les perdre ». L’équipe a réussi à amener la Clinique psychogériatrique de l’hôpital Jean-Talon, situé tout près, à s’impliquer auprès des locataires. En mars 2021, quatre-vingt-trois résidents ont participé à une enquête pour faire le portrait de la situation, abordant des sujets aussi sensibles que l’envie de mourir qui pouvait habiter certains locataires. « Dix locataires ont suivi une formation avec la clinique pour trouver des solutions », conclut Stella Anastasakis qui attend, optimiste, l’état d’avancement des efforts.