6 juin 2017
Des députés de tous les partis se penchant sur la lutte à la pauvreté au Canada recommandent au gouvernement fédéral qu’il « adopte un programme à long terme de construction et de réparation de logements, en se concentrant sur le logement social ». Lors des consultations ayant mené à la formulation de cette recommandation, « de nombreux témoins ont exhorté le gouvernement à donner suite rapidement aux engagements touchant le logement abordable prévus dans le budget de 2016 et à fournir un financement à long terme pour le logement social et abordable. Ils ont aussi demandé qu’un financement adéquat soit accordé pour réparer et entretenir les logements sociaux et abordables existants. »
Ces propositions figurent dans un volumineux rapport du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées, mieux connu sous le nom de Comité HUMA, dévoilé la semaine dernière. Le document vise à « préparer la voie à une stratégie nationale de réduction de la pauvreté ».
Le rapport cite plusieurs témoins dont Stéphan Corriveau, qui est intervenu à titre de président de l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine (ACHRU) et a plaidé pour une intervention différenciée à l’égard des peuples indigènes au Canada : « Il faut qu’il y ait une stratégie distincte parce qu’il y a une situation distincte sur le plan des droits nationaux. Les statistiques le démontrent. Nous avons un régime à deux vitesses, et il est important que les communautés autochtones, dont les communautés inuites, puissent avoir des moyens pour faire du rattrapage et obtenir à leur tour ce que l’ensemble de la population a eu auparavant. »
Le tableau dressé par le document à l’égard du logement n’est pas reluisant : « En avril 2015, environ 30,8 % des ménages canadiens vivaient dans des logements ’’inacceptables’’, c’est-à-dire non conformes aux normes de qualité, de taille et d’abordabilité, et 40,6 % d’entre eux n’étaient pas capables de se trouver un logement adéquat dans leur région. […] À l’échelle du pays, c’est un locataire sur 10 qui dépense 80 % de ses revenus pour se loger. » Le comité HUMA convient que le gouvernement fédéral a une responsabilité à cet égard : « Le fait que le gouvernement fédéral soit absent du secteur des logements sociaux et abordables depuis 25 ans a été lourd de conséquences. »
Le rapport intitulé Briser le cycle : une étude sur la réduction de la pauvreté, en dépit de la faiblesse ou le flou de certaines de ses recommandations proposant à la fois des « indemnités locatives rattachées à des logements précis » ou « versées à la personne » et exhortant la SCHL à « explorer d’autres mécanismes de financement » afin d’établir des « partenariats avec les communautés et le secteur privé », contient néanmoins de précieuses données sur la pauvreté au Canada. Il fournit amplement de munitions au Parlement pour que celui-ci mette en œuvre une politique ambitieuse qui pourrait à terme permettre à tous les Canadiens et Canadiennes d’être logées dignement.
Sur le thème de « Le droit au logement au cœur de la lutte à la pauvreté », le RQOH avait rédigé en février un court mémoire à l’intention du comité HUMA. Dans ce document, le RQOH amenait plusieurs arguments pour démontrer que « le logement social et communautaire est l’outil tout indiqué pour loger convenablement les secteurs les plus fragilisés du pays ». Le mémoire a été adapté sous la forme d’un fascicule agréablement mis en pages téléchargeable ici.
Téléchargez « Le droit au logement au cœur de la lutte à la pauvreté »