7 décembre 2016

Itinérance : le plan d’action du Québec ne marche pas

Aucune des mesures phares du plan ne trouve d’écho sur le terrain : la construction de logements sociaux est en déclin, le réseau de la santé et des services sociaux est en état de choc et, au lieu de stabiliser le revenu des personnes pauvres, le gouvernement du Québec, avec la Loi 25, ouvre la porte à encore plus de détresse et de précarité.

Voilà l’essentiel du message qu’est venue livrer le 7 décembre à Montréal une coalition de groupes composée du Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ), la Table régionale des organismes communautaires et bénévoles de la Montérégie (TROC-M) et le Regroupement des Auberges du cœur du Québec (RACQ). À cette même date jour pour jour il y a deux ans, la ministre Lucie Charlebois lançait le Plan d’action interministériel en itinérance 2015-2020. « En Montérégie, en dépit des engagements de Québec, la situation se dégrade : fermeture de centres locaux d’emploi, recours accru aux banques alimentaires, listes d’attente interminables pour l’accès aux logements sociaux, etc. », a dit Danielle Goulet, présidente de la TROC-Montérégie.

Au moment du lancement du Plan d’action, les intervenants estimaient que pour sortir les personnes de la rue, le Québec devait passer de 3000 nouveaux logements sociaux par année à 8000. Or, le gouvernement provincial a plutôt décidé de réduire le nombre de nouvelles unités à 1500 annuellement. Actuellement au Québec, 479 000 ménages locataires versent plus de 30 % de leur revenu au paiement du loyer.

André Couillard, directeur général de la Maison d’hébergement dépannage de Valleyfield, a rappelé que « l’itinérance n’est pas une maladie », mais le résultat d’un ensemble complexe de facteurs, individuels et sociaux, sur lesquels il faut agir en amont. Pour enrayer l’itinérance, les approches médicales et punitives sont irrémédiablement vouées à l’échec. Le gouvernement du Québec, qui reconnaissait pourtant cela explicitement dans son Plan d’action, fait en réalité le contraire sur le terrain en responsabilisant le « comportement » individuel des personnes itinérantes. En outre, comme l’a démontré le représentant du RACQ Tristan Ouimet-Savard, la Loi 25 modifiant la loi sur l’aide sociale est elle carrément vindicative à l’égard des personnes en difficulté en instaurant la possibilité de couper le revenu de dernier recours des premiers demandeurs d’aide sociale ou de retenir leur chèque en cas de « manquement ».

La coalition d’organismes réclame conséquemment la relance de la construction de nouveaux logements sociaux et un réinvestissement en santé allant au-delà de la simple volonté de « sortir les civières du corridor pour mettre les patients dans des chambres, là où on ne les voit pas ». Les intervenants demandent également une véritable coordination des quelque onze ministères qui ont signé le Plan d’action.

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