8 mai 2018
Les données de Statistique Canada montrent que les loyers dépassent les revenus et mettent les locataires dans des situations précaires.
Près de la moitié des ménages locataires canadiens consacrent plus de 30 % de leur revenu au logement, et près d’un sur cinq consacre plus de 50 % de leur revenu au logement. Conséquence : un nombre croissant de familles et d’individus sont à risque de devenir sans-abri, frôlent le seuil de la pauvreté.
Ces données nous proviennent de l’Indice du logement locatif canadien, une base de données exhaustive sur le logement locatif mis en ligne aujourd’hui, fruit d’un partenariat national d’associations de logement, de coopératives d’épargne et de crédit et d’associations municipales. L’Indice a été mis sur pied grâce aux données du dernier recensement de Statistique Canada.
Portail Web facile d’accès, l’Indice fait le suivi de tout : des taux de location moyens aux données sur la surpopulation de plus de 800 villes et régions. Il compare également les dépenses de location avec le revenu. Cet outil est destiné aux organismes gouvernementaux, aux planificateurs locaux, aux organismes de logement et au grand public et il peint un tableau fiable du marché du logement locatif dans les communautés du pays.
« Il est entendu qu’un ménage ne doit pas dépenser plus de 30 % de son budget sur son loyer : sinon, la situation ne peut être considérée comme acceptable », explique Jill Atkey, chef de la direction par intérim de l’Association de logement sans but lucratif de la Colombie-Britannique. « C’est ce qui arrive dans les faits : les données nous montrent que les ménages consacrent plus de 30 % au loyer locatif. Il s’agit là de la nouvelle norme pour les familles et particuliers dans la quasi-totalité du Canada. »
Au chapitre de l’accessibilité des logements au pays, les données racontent une histoire on ne peut plus inquiétante. Plus de 1,7 million de ménages locataires dépensent plus que le seuil recommandé de 30 % du revenu brut pour le loyer et les services publics. De ce nombre, 795 000 ménages locataires consacrent plus de la moitié de leur revenu au logement.
« Si toutes les familles qui dépensent plus de la moitié de leur revenu en frais de logement vivaient dans une seule et unique ville, celle-ci serait la quatrième ville en importance au chapitre de la population au pays », élabore Kira Gerwing, gestionnaire de l’investissement communautaire à Vancity Credit Union. « Voici pourquoi un secteur du logement communautaire fort est absolument nécessaire, pour permettre aux gens de se louer des logements abordables. »
Les problèmes d’accessibilité à la propriété sont tentaculaires : ils touchent également les zones suburbaines et rurales, pas seulement les grandes villes. Cette tendance fait peur.
« Bien que les grands centres urbains soient depuis longtemps associés à des coûts de location de logements plus élevés par rapport au revenu, les locataires pouvaient autrefois trouver un logement abordable dans les banlieues », dit Marlene Coffey, directrice générale de l’Office public du logement de l’Ontario. « L’Indice du logement locatif canadien de 2018 montre la suburbanisation de la pauvreté : les principaux problèmes d’accessibilité au logement sont tout aussi répandus dans les communautés environnantes que les centres urbains. »
L’Indice montre également que le coût moyen des loyers dépasse les augmentations correspondantes des revenus des ménages. Par exemple, l’Ontario a vu le coût moyen des loyers augmenter de 20 % sur cinq ans, alors que le revenu moyen n’a augmenté que de 12 % au cours de la même période. Les régions environnantes Toronto, Ottawa, Winnipeg et Vancouver ont été particulièrement frappées par les défis supplémentaires que pose cette réalité de l’accessibilité au logement. De nombreuses petites collectivités sont également confrontées à des situations similaires.
L’accessibilité au logement continuant de se détériorer, les ménages locataires sont contraints de se loger dans des logements surpeuplés ou inadaptés. Selon l’Indice du logement locatif canadien de 2018, en tout, plus de 417 000 logis locatifs au Canada sont surpeuplés. Il s’agit d’un problème récurrent pour de nombreux ménages locataires vivant dans les grands centres urbains du pays et le Nord du Canada.
L’augmentation du nombre de Canadiens sur le marché de la location est l’un des facteurs à l’origine de ces problèmes d’accessibilité. Entre 2011 et 2016, il y a eu une augmentation de près de 400 000 nouveaux ménages locataires, pour un total dépassant les 4,4 millions, soit 32 % de tous les ménages canadiens.
« Les prix des propriétés ne cessant d’augmenter, ce fait conjugué à l’offre déclinante des logements locatifs, de plus en plus de Canadiens occupent le marché locatif pour y demeurer pour une plus longue période de temps », explique Jeff Morrison, directeur général de l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine. « C’est la première fois depuis une génération que le nombre de locataires canadiens dépasse le nombre de Canadiens propriétaires. Cela explique pourquoi il faut élargir l’offre de logements abordables. »
Bien que l’Indice trace un portrait sombre en matière d’accessibilité au logement au pays, il y a de l’espoir : de nombreux organismes gouvernementaux et communautaires attaquent les problèmes en matière d’accessibilité. Nous pouvons apprendre des leçons du Québec, dont le loyer est plus abordable qu’ailleurs au pays.
« Bien qu’elles soient fortes au Québec, les pressions sur l’accessibilité des logements le sont moins que dans d’autres régions du pays, en grande partie en raison des efforts continus des organismes provinciaux sur le front de l’accessibilité au logement, déployés depuis les années 1990 », dit Stéphan Corriveau, directeur général du Réseau québécois des OSBL d’habitation. « L’Indice du logement locatif canadien montre qu’il faut que les paliers de gouvernement, les collectivités et les fournisseurs de logements travaillent ensemble pour offrir, en temps opportun, une variété de solutions en logement et ainsi répondre aux divers besoins des Canadiens. »
Pour en savoir davantage sur l’Indice, veuillez-vous rendre à https://rqoh.com/indicedulogementlocatif/
Téléchargez le document d’information et la foire aux questions et l’infographique de l’ILL 2018 pour de plus amples détails.
À PROPOS DU PARTENARIAT
L’Indice du logement locatif canadien a été mis sur pied par l’Association de logement sans but lucratif de la Colombie-Britannique et Vancity Credit Union, en partenariat avec l’Office public du logement de l’Ontario, la Real Estate Foundation of BC, la Alberta Real Estate Foundation, la Fédération canadienne des municipalités, l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine, Generation Squeeze, la Co-op Housing Federation of BC, la Fédération de l’habitation coopérative du Canada, la Alberta Network of Public Housing Agencies, LandlordBC, l’Association de logement sans but lucratif du Nouveau-Brunswick, la Yukon Anti-Poverty Coalition et le Réseau québécois des OSBL d’habitation.