1 juin 2023
Un rapport de Trans PULSE Canada préparé pour le Bureau de la défenseure fédérale du logement témoigne des obstacles rencontrés par les adultes transsexuels et non binaires lors de la recherche de logement.
Rappelons que le Bureau de la défenseure du logement, Marie-Josée Houle, a pour mission de développer des politiques qui appuient les droits de l’homme. En ce sens, il priorise les groupes les plus systématiquement marginalisés, notamment les personnes de la communauté 2SLGBTQIA+.
Intitulé Obstacles au logement chez les personnes trans et non binaires au Canada, le rapport met en relief plusieurs éléments qui prouvent la discrimination vécue par certaines catégories de locataires.
L’étude révèle qu’un participant sur dix (10,6 %) avait déjà perdu son logis en raison de son identité, que ce soit en raison de son ethnicité, de son identité de genre ou d’un handicap. Ce pourcentage augmentait dans le cas des répondants autochtones, racialisés, vivant avec un handicap des ménages à faible revenu.
En outre, la moitié des personnes sondées ont affirmé s’attendre à être discriminées en raison de leur identité, lors de la recherche d’un logement.
Pas moins de 9,3 % des répondants étaient en situation d’itinérance ou vivaient dans un logement précaire. Les participants racialisés, autres que les personnes noires, étaient les plus nombreux à être sans logis.
38,2 % des participants issus de ménages à faible revenu et entre 27,1 et 34,7 % des participants handicapés éprouvaient de la difficulté à faire face aux coûts du logement.
Si, historiquement, les personnes LGBTQ2+ représentaient un pourcentage plus élevé de sans-abri, une étude de Statistique Canada indiquait que celles-ci étaient plus à risque de perdre leur logement durant la pandémie de COVID-19. L’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018 a permis ce constat.
En date du 15 juin 2022, l’Observateur du logement indiquait que, malgré les progrès réalisés, la communauté 2SLGBTQIA+ continue de face à des enjeux uniques en matière de logement. Le texte intitulé Enjeux et besoins liés au logement des personnes 2SLGBTQIA+ rapportait également que les jeunes sont plus susceptibles d’être en situation d’itinérance. En effet, selon certaines estimations, environ un jeune sans-abri sur trois s’identifierait comme une personne 2SLGBTQIA+.
Comme le soulignait un article de La Presse canadienne intitulé Une crise du logement encore plus difficile pour les LGBTQ+, « les personnes LGBTQ+ sont plus susceptibles de subir de la discrimination lorsque vient le moment de trouver un logement ».
Aussi, deux femmes impliquées auprès de l’organisme Jeunesse Lambda ont livré un plaidoyer afin qu’un refuge dédié exclusivement aux populations LGBTQ+ soit ouvert à Montréal. L’article indique qu’il n’existe pas de refuge ou de maison d’hébergement réservé aux personnes LGBTQ+ en situation d’itinérance au Québec.
Un autre article, paru dans le journal Métro, évoquait également la discrimination à laquelle font face les personnes LGBTQ+. On peut y lire que « face au risque de se voir refuser un logement, de nombreuses personnes LGBTQ2+ utilisent des stratagèmes pour dissimuler leur identité de genre et leur orientation sexuelle aux propriétaires ».
Diversité 02, un organisme du Saguenay – Lac-St-Jean, s’est donné comme mission de veiller à l’inclusion des personnes issues de la communauté 2SLGBTQIA+ en proposant des activités de sensibilisation à la pluralité sexuelle et à la diversité des genres. Il mise sur des valeurs de respect, d’intégrité, d’équité, d’entraide, d’intersectionnalité et d’engagement.
L’organisme offre des ateliers à la Fédération régionale des OSBL d’habitation du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de Chibougamau-Chapais et de la Côte-Nord (FROH).
Comme nous l’avons souligné dans un article paru en 2016, la Fondation Émergence propose également un programme d’information et de sensibilisation aux réalités des personnes aînées gaies, lesbiennes, bisexuelles et transidentitaires (LGBT), auquel les OSBL d’habitation peuvent recourir. Destiné à ceux et celles qui œuvrent auprès des personnes aînées ou qui les côtoient, le programme Pour que vieillir soit gai vise à les outiller afin d’assurer des environnements exempts d’homophobie et de transphobie.
Notons que des groupes communautaires souhaitent offrir des logements abordables destinés aux aînés 2SLGBTQIA+. C’est notamment le cas du Rainbow Resource Centre, un organisme de Winnipeg qui développe un Campus Queer dont la construction devrait être complétée au printemps prochain.
D’autres préconisent plutôt une stratégie de sensibilisation et d’inclusion, pour éviter un phénomène de ghettoïsation.
D’autre part, par le biais d’une campagne de sensibilisation intitulée À louer sans discrimination, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse nous rappelle qu’en matière de location de logement, la discrimination est illégale. La Charte des droits et libertés impose aux propriétaires des obligations légales en ce sens. Éducaloi a également mis à la disposition du public une page Web sur le sujet.