20 juin 2017
La ministre responsable des Aînés, Francine Charbonneau, vient de rendre public le deuxième plan d’action du gouvernement du Québec pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées. Comportant quelque 52 mesures, le plan d’action s’étendra sur une période de cinq années, de 2017 à 2022. Son dévoilement suit de quelques jours l’adoption du projet de loi 115 – la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité, qui a reçu l’appui unanime des parlementaires à l’Assemblée nationale.
Le plan d’action 2017-2022 s’inscrit dans la foulée du précédent, qui a notamment permis la mise en place de la Ligne Aide Abus Aînés (1 888 489 ABUS). Il porte une attention particulière au phénomène d’exploitation financière des personnes aînées, dont les effets néfastes sur la santé physique et psychologique des victimes sont évidents. Un forum national devrait ainsi réunir les intervenants, organisations et personnes concernées d’ici la fin de l’année 2018.
Des actions sont également prévues pour promouvoir les comportements de bientraitance, afin d’agir en amont et de prévenir autant que faire se peut les situations d’abus. S’inspirant d’une approche ayant pris naissance en France, le plan d’action définit la bientraitance comme suit :
« La bientraitance vise le bien-être, le respect de la dignité, l’épanouissement, l’estime de soi, l’inclusion et la sécurité de la personne. Elle s’exprime par des attentions, des attitudes, des actions et des pratiques respectueuses des valeurs, de la culture, des croyances, du parcours de vie, de la singularité et des droits et libertés de la personne aînée. »
Parmi les conditions favorisant la bientraitance, le plan d’action relève les pratiques qui soutiennent l’autodétermination et l’empowerment des personnes aînées, ainsi que leur participation sociale. On pense ici aux pratiques déployées dans le cadre du soutien communautaire en logement social, qui poursuivent précisément ces objectifs. Le financement, la consolidation et l’expansion de l’offre de soutien communautaire dans l’ensemble des OSBL d’habitation québécois – dont près de la moitié s’adressent à une clientèle aînée – constituent actuellement un enjeu prioritaire pour le RQOH.
Le plan d’action soulève par ailleurs « le dilemme éthique » qui se pose entre le besoin de protection de la personne aînée et le respect de son autodétermination. Il y a certes un équilibre à atteindre entre le laisser-aller, qui expose les aînés à des situations à risque, et un excès de protection qui en vient à nier leur droit à l’autonomie. On ne peut s’empêcher, ici, de faire référence au débat qui a cours depuis déjà quelques années à propos de la certification et du seuil minimal de surveillance dans les résidences sans but lucratif, qui s’adressent à des aînés autonomes ou en légère perte d’autonomie. Les OSBL d’habitation et le RQOH ont bon espoir qu’un cadre réglementaire garantissant le droit à logement convenable, sécuritaire et abordable aux aînés qui ont choisi l’habitation communautaire comme chez soi sera enfin mis en place dans un proche avenir.
Partenaire du Secrétariat aux aînés, le RQOH profite de la publication du deuxième plan d’action gouvernemental pour réitérer l’engagement des OSBL d’habitation à collaborer à sa mise en œuvre et à faciliter l’organisation d’activités et la diffusion d’outils de sensibilisation, de prévention et de repérage des situations de maltraitance. Mentionnons qu’à la suite de l’adoption du projet de loi 115, les résidences pour aînés certifiées seront assujetties d’ici 18 mois à la politique de lutte contre la maltraitance qui sera adoptée par le CISSS ou le CIUSSS de leur territoire, sous réserve des adaptations nécessaires.
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