La militante montréalaise, figure de proue du Comité des citoyennes et citoyens Milton-Parc, a été de tous les combats pour la préservation de ce quartier, une lutte qu’elle poursuivait encore tout récemment en s’engageant pour la conversion du site de l’Hôtel-Dieu en logements communautaires et en espace pour les mouvements sociaux. C’est avec beaucoup d’émotion que le RQOH transmet ses sympathies à ses proches laissés dans le deuil.
Rapportant la nouvelle de sa disparition le vendredi 2 février à 84 ans, le quotidien The Gazette titrait avec raison que Lucia Kowaluk était « une force avec laquelle il fallait compter » (a force to be reckoned with). Dans les années 1970, elle a participé à la renaissance d’un quartier voué au pic des démolisseurs et à la convoitise des développeurs en mettant sur pied une coalition citoyenne qui allait donner naissance à l’un des plus grands complexe de logements communautaires en Amérique du Nord, dont pratiquement la moitié sous forme OSBL, principalement axé sur la lutte à l’itinérance. Lucia Kowaluk fit partie, avec son compagnon Dimitri Rousopoulos, du premier noyau du Centre d’écologie urbaine, elle fut l’un des piliers du centre de jour St-James, qui vient en aide aux populations défavorisées et marginalisées du centre-ville de Montréal, et fut l’une des fondatrices de Chambreclerc, un organisme dirigé par Isabelle Leduc, administratrice du RQOH.
L’intérêt de Lucia Kowaluk pour le patrimoine bâti lui a attiré les sympathies et le soutien de figures telle l’architecte et philanthrope Phillys Lambert et de l’organisme Héritage Montréal. À l’hiver 1988, elle fit partie du groupe qui occupa le site Overdale. Loin d’un « préservationnisme » de façade, elle prônait une protection de l’héritage urbain qui incluait les gens habitant les lieux, dans une démarche de mobilisation des citoyennes et des citoyens pour s’approprier leur milieu de vie, leurs logements.
Lucia Kowaluk a été honorée du prix Thérèse-Daviau remis par la Ville de Montréal et elle est membre de l’Ordre du Canada et de l’Ordre du Québec. En 1995, elle faisait partie d’une courte liste de « great Montrealers » du journal The Gazette et elle avait fait l’objet d’un hommage de la FECHIMM en 2018.