Homme polyvalent, à la fois gestionnaire et intervenant en soutien communautaire, Claude Sirois est le pilier du Programme d’accessibilité logement Rive-Sud-ouest, mieux connu sous le nom de PAL, un organisme de Saint-Constant en Montérégie qui dessert des personnes autonomes ayant un handicap physique. Le RQOH est allé à la rencontre de ce gestionnaire attentionné, autrefois travailleur de rue, qui place le soutien communautaire au cœur de son engagement.
Le PAL a été fondé il y a près de 30 ans par des personnes, dont certaines avaient un handicap, qui avaient la préoccupation de construire des logements dédiés aux personnes handicapées. « C’était une autre époque », dit Claude Sirois. En ce temps-là en effet, les ensembles de logements pour personnes handicapées n’avaient pas la sophistication qu’on est en droit de s’attendre aujourd’hui. « Ils ont fait ce qu’ils pouvaient avec ce qu’ils avaient, donc ils ont mis un ascenseur, les logements sont adaptés “en partie”. » En termes d’infrastructures, on pourrait parler davantage d’un bâtiment et des étages accessibles à des personnes autonomes à mobilité réduite que des environnements universellement accessibles conçus dès les premières étapes du plan d’architecture. Au fil des ans, des améliorations ont été apportées : comptoirs plus bas, salles de bain aménagées, etc.
Question d’accessibilité
« Le PAL donne un coup de main à des gens qui autrement seraient mal pris, dont certains qui, dans leur ancien logement, ne pouvaient même pas sortir ! Nous nous adressons à des personnes handicapées ou qui peuvent le devenir par la progression d’une maladie chronique dégénérative, par exemple, qui va possiblement amener la personne à un handicap. Parfois, il peut y avoir des rémissions, et c’est tant mieux. On ne met pas les locataires dehors pour autant ! »
Au début du projet, seuls quelques locataires étaient impliqués dans le conseil d’administration, majoritairement constitué d’intervenants du milieu, des services sociaux ou des groupes communautaires qui « s’occupaient » des locataires. « En cours de route, explique Claude Sirois, il s’est développé de l’autonomie. Aujourd’hui, le conseil d’administration est composé pour au moins la moitié de locataires de l’immeuble. Ils sont impliqués, ils voient à leurs affaires. » La convention d’exploitation arrivant à échéance dans moins de cinq ans, des locataires se sont mis à préparer l’après-convention : « Nous nous sommes mis à rêver d’une suite, une phase II peut-être, un autre bloc complètement adapté… Ça peut prendre une dizaine d’années pour développer un projet comme ça. »
D’un point de vue financier, la capacité de se payer un logement accessible est chose bien complexe. La personne handicapée peut se retrouver entre deux eaux. Elle peut avoir un revenu supérieur au plafond de revenu déterminant les besoins impérieux (norme de la SHQ) et n’est donc pas admissible. Ses revenus de toutes provenances l’empêchent alors de pouvoir s’inscrire pour un logement au PAL. « Ici tous les locataires sont subventionnés. Tu ne peux pas avoir un logement non subventionné quand tu arrives. Les gens non admissibles, eux, sont obligés de se débrouiller dans le marché privé et là ça coûte cher d’avoir un logement adapté. Un père, une mère qui travaille, qui en arrachent au boute, et qui ont un enfant handicapé et qui font un revenu supérieur à 38 000$, c’est trop pour une subvention, mais ce n’est pas assez pour se payer un logement adapté décent. Ça coûte très cher de trouver un logement adapté, et surtout c’est rare. »