15 juin 2012
Richard Maziade, directeur général. Fédération régionale des OSBL d’habitation de Mauricie, Centre-du-Québec
En tant qu’OSBL d’habitation, nous nous devons d’offrir du logement abordable, pour les personnes âgées, avec des services et avec des soins de qualité. Sinon, qui le fera ? En effet, quand arrive le temps pour les aînés de chercher une résidence avec services, ils s’aperçoivent rapidement qu’il n’y a pas beaucoup de solution pour les personnes à faible revenu. Les résidences privées pour aînés sont trop dispendieuses et le réseau public offre uniquement des places pour les personnes en grande perte d’autonomie.
Avec le vieillissement de la population et la réglementation sévère de la certification des résidences pour aînés, les OSBL d’habitation pour retraités devront rapidement faire un choix quant à la mission de leur organisme. D’un côté, on réalise que nos résidants sont très âgés, que la clientèle s’alourdit et qu’elle nécessite de plus en plus de soins. De l’autre côté, il y a évidemment les coûts faramineux que représente l’ajout de ces soins et services. Alors, que faire pour ne pas abandonner nos personnes âgées lorsqu’elles nécessitent un peu d’aide (repas, surveillance, distribution de médicaments, aide aux déplacements, etc.) ?
La vision du service à domicile est différente d’une région à l’autre, mais de façon générale, les budgets alloués ont permis d’engager du personnel dans les CSSS pour dispenser des soins à domicile à une clientèle isolée. Il faut comprendre que même si une préposée visite une personne âgée deux fois par jour, il reste 22 heures où cette personne est isolée, inquiète, gère ses médicaments comme elle le peut, ne se nourrit pas toujours bien et doit faire son épicerie. En général, le soin accordé n’aura permis que d’allonger la dégradation inévitable de l’autonomie de la personne âgée, plutôt que de l’encadrer.
Il serait donc essentiel de repenser le service à domicile, en assurant une surveillance, une sécurité et un encadrement adéquat pour les médicaments et l’alimentation. Une partie des sommes doit être transférée vers les ressources avec encadrement, tels nos OSBL. Mais pourquoi ? Parce que nos organismes ont une vocation d’aide à la communauté et l’investissement qu’on y fait demeure permanent et restera dans le milieu. Lorsque le MSSS aide une ressource privée à desservir une clientèle, l’investissement est encaissé par le propriétaire à la vente de l’immeuble.
Nous avons des choix de société à faire et il n’est pas acceptable de laisser des personnes âgées isolées, avec des problèmes de santé, souvent sans médecin de famille et devant attendre, à l’urgence, pour modifier une médication souvent mal prise. Il faut aider des organismes comme les nôtres à mieux les encadrer et à en assumer la facture. N’oubliez pas que nous commençons à peine à vivre le processus de vieillissement de la population.