Publication : Octobre 5, 2017 | Mise à jour : Octobre 5, 2017
Des arbres fleuris accueillent les visiteurs de la résidence Lucien-Gaudet : « Ils nous ont été donnés par des résidents ou leur famille, pour qu’on se souvienne qu’un de leurs membres a logé ici » raconte la directrice de la Table, organisme incontournable dans cette MRC rurale peu peuplée.
Lieu de démocratie et d’empowerment, la TCPAT rassemble les aînés depuis maintenant 35 ans. Elle est composée de comités locaux, présents dans chaque municipalité du Témiscamingue, qui apportent un soutien à leurs concitoyens. Fonctionnant à l’origine avec un budget de quelques centaines de dollars par année, l’organisme a développé à la fin des années 1990 une entreprise d’économie sociale d’aide à domicile (EÉSAD) qui dessert toute la région du Témiscamingue, passant ainsi de 5 à 70 employés en quelques années. Ces services lui ont permis de développer l’offre de logements communautaires, jugée essentielle pour permettre à la population vieillissante de demeurer au Témiscamingue dans des résidences abordables, sécuritaires et conviviales.
Le Court Séjour, en plus d’offrir un service de répit et de dépannage pour les proches aidants, accueille des aînés autonomes en attente d’un hébergement permanent. Cependant, il arrive que des aînés y demeurent pendant six mois ou même un an, car la liste d’attente est longue pour obtenir un logement dans les résidences communautaires : 70 noms pour Lucien-Gaudet, et même 130 pour Youville ! Cela reflète un besoin grandissant dans la région rurale et vieillissante du Témiscamingue.
L’art comme vecteur de vivre-ensemble
Dans les résidences gérées par la TCPAT, l’art est à l’honneur, et ça se voit !
La forêt, la campagne, les conserves en hiver, la danse, la religion, le mariage… les souvenirs embellissent les murs d’un chez-soi chaleureux et réconfortant.
Les trois résidences sont truffées de petites attentions en l’honneur des locataires. La grande terrasse de la résidence d’Youville, qui n’était pas prévue à l’origine, a été ajoutée à la demande d’une locataire. Malheureusement, elle est décédée trois jours seulement avant son inauguration… ainsi, la terrasse porte désormais son nom.
Sur le mur de la salle de jeux, l’arbre de vie bourgeonne : c’est le printemps ! Il est décoré au fil des saisons, ce qui permet aux aînés touchés par des pertes de mémoire de se situer dans l’année. Les résidences offrent trois repas par jour et toutes sortes d’activités aux locataires : du jardinage, du sport, une bibliothèque, des jeux… À Lucien-Gaudet, les locataires autonomes peuvent faire leur propre ménage et leur propre lavage. De plus, une coiffeuse assure une permanence une fois par semaine.
Gérer la perte d’autonomie en offrant des services adaptés
À Youville, où les résidents sont en perte d’autonomie, les préposées aux bénéficiaires peuvent donner des soins et des bains, grâce à une entente avec le réseau de la santé. Une infirmière auxiliaire est présente tous les jours pour compléter l’offre de soins, ce qui permet aux personnes âgées de rester plus longtemps dans la résidence, plutôt que d’aller au CHSLD. Ce projet d’infirmière en résidence, baptisé « projet novateur », a été lancé par le MSSS en 2008-2009 et s’est prolongé par une entente qui permet au réseau d’économiser les frais de déplacement, et à la résidence de prolonger le séjour de ses locataires.
L’offre de soins est assurée par le réseau de la santé en collaboration avec l’OSBL, de façon ponctuelle dans la résidence Lucien-Gaudet (autonomes), et quotidienne à Youville (perte d’autonomie). Cette dernière offre même des soins palliatifs, à la seule condition que les familles restent dormir la nuit. Quant aux préposées aux bénéficiaires, elles sont présentes 24/7 dans les trois résidences. Au Court Séjour, elles travaillent deux jours par semaine, mais chaque fois pendant 24 heures d’affilée.
À Gaudet, la préposée est présente sept soirs d’affilée, puis dispose de 16 jours de congé. Cette organisation permet la présence d’employées en tout temps en cas de problème, tout en permettant aux employées de bénéficier de longues périodes de repos. D’ailleurs, parmi ceux et celles travaillant dans les résidences et l’EÉSAD, la moitié a plus de 5 ans d’expérience, avec parfois 10, 15 ou 20 ans d’ancienneté.
« Mon travail est de faire mon possible pour retarder au maximum l’envoi à l’hôpital de la personne, explique l’infirmière auxiliaire, au moment de faire sa tournée de visites à Youville. Parce qu’à l’hôpital, tu n’es pas une priorité. Tu attends pendant des heures avant de voir un médecin volant aux urgences. » L’infirmière, en poste depuis peu à la résidence à la suite du départ à la retraite de sa prédécesseure, a exercé une dizaine d’années à l’hôpital.
35 ans de contribution à la bientraitance et au bien-être des aînés
La préposée à l’animation occupe également ce poste depuis peu pour remplacer un départ à la retraite.
La musique est en effet au cœur des activités de la résidence depuis peu, car pour les 35 ans de la Table, un étudiant en musique a été recruté afin qu’il monte une chorale. Aussi, un atelier sur les instruments d’hier et d’aujourd’hui est sur les rails. Sans parler des échanges intergénérationnels avec l’école et les garderies toutes proches, tels que la visite d’une ferme ou les fêtes d’Halloween et de Noël.
Fait à noter : en 2009, la MRC du Témiscamingue devient la toute première à recevoir des mains de la ministre responsable des Aînés le certificat de reconnaissance « Municipalité amie des aînés », une initiative mise en place depuis par de plus en plus de municipalités du Québec. Nul doute que la TCPAT, dont le travail était déjà reconnu et prisé, a contribué à cette reconnaissance passée et présente ! Ainsi, en juin 2017, la Table fêtait ses 35 ans de contribution à la bientraitance et au bien-être des aînés, un événement qui a rassemblé plus de 300 personnes et pour lequel toutes les municipalités partenaires du Témiscamingue se sont déplacées.