L’industrialisation précoce de cette région a laissé des traces encore visibles aujourd’hui, avec une importante population issue de la classe ouvrière et un parc de logements plutôt ancien, lequel était en bien piètre état à la fin des années 1970. À l’époque, non seulement de plus en plus de jeunes quittaient La Tuque pour les grands centres, mais en plus les personnes âgées peinaient à se trouver des logements à la fois décents et abordables, et plusieurs d’entre elles n’avaient d’autre choix que d’envisager un déménagement vers des résidences à la grande ville.
M. Jean-Guy Charland, qui était alors directeur de la Caisse populaire de La Tuque, avait peu à peu pris conscience du problème et avait décidé de tenter de le résoudre en le prenant de front. Au beau milieu d’une assemblée générale de la Caisse, il interpella les membres et fit appel à des volontaires dans la salle pour mettre sur pied un comité devant se pencher sur la question.
C’est tout naturellement que la tenure OSBL s’imposa. Quelques années plus tard, le premier édifice des Habitations populaires La Tuque voyait le jour, rue Gouin. À peine un an et demi plus tard, devant une demande de logement qui ne cessait de croître, un deuxième bâtiment était érigé, plus près du centre-ville, rue Saint-Louis.
L’habitation populaire de La Tuque est un cas exemplaire d’OSBL d’habitation s’en tenant à sa plus simple expression. Ici, pas de prouesse architecturale ni d’expérimentation sociocommunautaire : des immeubles bien carrés et bien solides, des logements sécuritaires et abordables. Les locataires, bien que vieillissants, ne nécessitent pas de soutien communautaire organisé. Le CLSC pourvoit du soutien à domicile pour un certain nombre d’entre eux. Les espaces communs sont aménagés à l’extérieur et sont accessibles l’été. Le conseil d’administration est composé de sept membres dont deux sont issus des locataires (un par projet).
L’OSBL Habitation populaire de La Tuque dispose d’un employé, gestionnaire à temps partiel, M. Jean-Pierre Courteau, natif de l’endroit. Homme affable et méthodique, M. Courteau a travaillé durant trente-deux ans à la Commission scolaire de l’Énergie, où il a été régisseur aux Ressources matérielles. Maintenant retraité, il met ses connaissances au service des aînés de sa ville. Fin connaisseur de l’entretien des immeubles, il est ici dans son élément.
Une visite permet de constater le bon état des lieux, d’une propreté impeccable. Les installations de prévention d’incendie sont en place, l’immeuble possède son système de gicleurs. Pour l’avenir, les résidents rêvent d’ajouter un ascenseur à la bâtisse de la rue Gouin. Les aînés demeurant au troisième étage apprécieraient l’amélioration… cependant M. Courteau précise que « malheureusement, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) n’a pas de programme pour cela ».
Ici, la « fin des conventions » est une contingence que l’on entrevoit plutôt favorablement, car dans quatre ans, lors de l’arrivée à échéance des conventions d’exploitation avec la SCHL, ce n’est pas seulement la fin du remboursement de l’hypothèque. C’est aussi le desserrement d’un carcan qui permettra une plus grande marge de manœuvre, notamment le décloisonnement de la gestion « par phases » des deux immeubles des rues Gouin et Saint-Louis. Du coup, l’ascenseur de la rue Gouin pourrait devenir réalité… Le seul hic, qu’adviendra-t-il des sept logements bénéficiant du Programme de supplément au loyer (PSL) ? Jean-Pierre Courteau assure que le problème est envisagé de manière à trouver des solutions qui ne pénalisent pas les locataires bénéficiant du PSL sans toutefois porter préjudice aux autres.
Des rideaux qui ne s’ouvrent pas, une lumière demeurée éteinte, le courrier laissé sur le seuil ou simplement « un voisin que l’on ne croise pas comme à l’habitude à telle heure ou à tel endroit »; autant de signaux que les résidents interpréteront comme un appel à l’aide. Un environnement et un climat chers aux locataires âgés.