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Châteauguay est composée à 23% de logement social et communautaire, l’Office municipal d’habitation (OMH) étant le plus gros propriétaire, et SOLIDES le deuxième. Tandis que l’OMH gère des logements publics, c’est-à-dire appartenant à l’État, SOLIDES gère 430 logements communautaires, dont une partie est aussi située à Longueuil.
Au commencement était le Comité logement…
L’histoire de SOLIDES est intimement liée à celle du Comité logement Rive-Sud, qui en 1998 se dote d’un plan quinquennal prévoyant la création de l’actuelle Fédération régionale des OSBL d’habitation de Montérégie-Estrie (FROHME) et d’une société acheteuse qui deviendra SOLIDES (pour Société locative d’investissement et de développement social). « De 1996 à 2015, j’ai dirigé le comité logement, et en 2007 je suis devenu coordinateur puis directeur de SOLIDES, dont j’étais déjà le vice-président, raconte M. Giguère. Pendant huit ans, j’ai donc été directeur à la fois du comité et de la Société. »
Difficile par conséquent de dissocier les luttes en défense des droits des locataires menées par le comité logement du travail d’achat, de rénovation et de construction entrepris par SOLIDES. D’ailleurs, un grand nombre de ses locataires sont membres du comité logement, et un lien fort demeure entre la gouvernance de la Société et du Comité, puisque les membres du conseil d’administration de ce dernier sont de facto membres de SOLIDES.
Ayant plusieurs cordes à son arc, le Comité logement devient un groupe de ressources techniques (GRT) en 2009, ce qui lui permet de construire les projets développés par SOLIDES et d’autres organismes tout en s’assurant que les droits des locataires y soient respectés.
Du monde mobilisé et expérimenté
Plusieurs raisons ont mené à la création de SOLIDES, dont la crainte de voir le programme AccèsLogis disparaître. Ce programme a été créé par la Société d’habitation du Québec (SHQ) pour pallier au retrait du gouvernement fédéral dans la construction de logements sociaux, en 1994. « Peu de temps après sa création, on s’est inquiété (et on s’inquiète toujours) de la disparition éventuelle d’AccèsLogis et donc de l’avenir du logement social et communautaire au Québec, explique le directeur. Nous voulions donc créer un organisme qui nous permette de développer hors programme. De plus, construire dans le cadre de ce programme est exigeant : la contribution du milieu n’était pas acquise à Châteauguay, une ville de 45 000 personnes avec seulement 4000 ménages locataires. »
Le vieillissement du parc immobilier, dont la grande majorité a été construite dans les années 70-80, est une autre préoccupation. « L’un de nos objectifs est de socialiser une partie du parc de logements privés pour mieux l’entretenir et garder les loyers les plus abordables possible, même si la valeur des immeubles a augmenté depuis le début des années 2000. »
Pour mettre en route cet organisme aux objectifs ambitieux, le Comité logement Rive-Sud fait appel aux services d’une professionnelle de l’immobilier forte de 15 ans d’expérience et titulaire d’une maîtrise en gestion financière, Lucille Montpetit, également militante féministe et engagée dans la lutte à la pauvreté. « L’idée de SOLIDES c’était de moi, et la personne qui avait l’intelligence et les connaissances pour la mettre en œuvre, c’était Lucille, affirme M. Giguère. Elle fut coordonnatrice de 2000 à 2008, j’ai tout appris d’elle.»
Entretenir l’engagement
Il est clair que les gens de SOLIDES portent des valeurs militantes de lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale. C’est donc tout naturellement que l’organisme embauche des personnes exclues du marché du travail pour s’occuper de l’entretien de ses nombreux immeubles. « Un homme de 45 ans qui a travaillé toute sa vie au salaire minium et qui se retrouve soudainement sans emploi a peu de chances de retrouver une job, s’indigne François Giguère. Pour nous, ils sont précieux, hyper compétents et travailleurs. »
Lorsque survient deux ou trois tempêtes de neige d’affilée, les concierges sont épaulés par des bras plus jeunes grâce à un partenariat avec des étudiants de Montréal, embauchés occasionnellement lorsque les conditions l’exigent. « J’ai commencé l’hiver dernier, puis j’ai été embauché six semaines pour faire l’entretien paysager cet été, raconte Kacim Belmihoub, étudiant en droit social à l’UQAM. Demain, nous ferons une grande corvée de nettoyage des espaces publics, avec tous les locataires de la Place Pasteur, un projet de SOLIDES de 91 logements. Il y aura un barbecue aussi, ce sera un moment convivial pour tout le monde. » Pour Kacim, ce travail lui permet de concrétiser ses convictions et son domaine d’études dans le cadre d’un projet porteur de changement.
« La magie de Facebook nous permet de les solliciter rapidement, avec un groupe que nous avons appelé à la blague les anarcho-concierges ! On en embauche aussi pendant la saison estivale grâce à des subventions salariales » explique le directeur. Les plus gros projets d’aménagement s’en viennent, puisque la ville a cédé, après dix ans d’attente, un terrain à l’organisme. SOLIDES y installera à partir de 2018 de grands jardins communautaires, des jeux pour les enfants, et des espaces collectifs pour les célébrations.
« On ne voulait pas que SOLIDES, qui est avant tout une société acheteuse, s’adresse aux mêmes personnes que le Comité logement précise le directeur. Le Comité logement Rive-Sud développe surtout des projets d’OBNL autonomes dirigés majoritairement par les locataires. Il s’adresse donc à des locataires à faibles revenus qui ont la capacité et la volonté de prendre en charge leurs projets d’habitation. SOLIDES vise des locataires qui n’ont pas cette volonté ou cette capacité.
L’approche de développement de SOLIDES est aussi plus centralisée sur le personnel de direction et plus fonceuse. «Pour donner une idée, SOLIDES a fait dix offres d’achat durant les onze derniers mois, toujours dans l’optique de socialiser le plus grand nombre possible de logements privés. »
Aujourd’hui, les deux organismes communautaires, SOLIDES et la FROHME, issus du Comité logement ont pris leur envol. De plus leurs fonctions sont complémentaires et leur collaboration contribue à tous les renforcer. Lorsque le Comité développe des immeubles de logements sociaux et communautaires, la FROHME prend par la suite le relais dans la gestion et l’exploitation des projets, tandis que SOLIDES s’intéresse à l’achat dans le marché privé. Fort de ses nombreuses réussites politiques, SOLIDES est sans conteste un acteur incontournable à Châteauguay et sur la Rive-Sud.
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